Réalisé par Jeremy Saulnier, auteur du film d'horreur comique Murder Party, Blue Ruin nous présente Dwight, un SDF sale et barbu qui arrive cependant à plutôt bien se démerder, vivant dans sa voiture et économisant suffisamment d'argent pour survivre. Mais quand il apprend qu'un certain Wade Cleland Jr est libéré de prison, il va partir à sa recherche, le retrouver et le tuer. Sa vengeance est faite. Pour quelle raison ? On ne sait pas. Dès lors, Dwight va se raser, mettre sa plus belle chemise et retrouver un semblant de vie normale en retournant voir sa sœur et les filles de celle-ci. Mais Dwight réalise que les proches de Wade, présents lors de l'assassinat, n'ont pas prévenu la police. Et ils savent où il habite...
Thriller pesant à la simplicité déconcertante, Blue Ruin nous prend à la gorge dès les premières minutes. Plans sobres, photo éblouissante, interprétation naturelle, musique enivrante... Le film baigne dans un réalisme omniprésent, de la mise en scène au scénario, ce dernier ne manquant pas de nous faire constamment dire à nous-même : et si ça nous arrivait à nous ? Dans le rôle principal, le méconnu Macon Blair s'avère bouleversant : sans cesse pathétique, pitoyable même, il incarne le parfait anti-héros, celui dont les motivations sont aussi louables qu'extrêmes et qui va, en bon maladroit, essayer d'aller jusqu'au bout des choses.
Car Dwight n'est pas un héros, c'est un mec lambda qui joue au héros et c'est sans aucun doute pour cela que chacune de ses apparitions à l'écran reste captivante. Mystérieuse au possible, l'intrigue devient de plus en limpide au fil des séquences, de plus en plus évidente et, au bout du compte, de plus en plus passionnante, jusqu'à un final fracassant qu'on ne voit pas venir. Ainsi, avec ce film-choc débarrassé d'une quelconque prétention, Jeremy Saulnier nous offre un revenge movie froid et sans pitié comme on pouvait en voir dans les années 70, une œuvre parfois à la limite du fantastique autant par son atmosphère mortuaire que par la noirceur de son sujet.