Avec le temps on n'aime plus.
A déconseiller aux âmes fleur bleue, à ceux et celles qui croient au prince charmant, à la femme parfaite, à l'amour éternel. Attention, ma critique peut comporter des spoilers.
Blue Valentine est à la fois une belle romance et un drame terrible. On en retient ce que l'on veut : des moments très romantiques et d'autres qui vous mettent K.O, moral à zéro, sortez vos mouchoirs.
L'histoire n'est pourtant pas bien originale. Un couple qui ne s'aime plus. Vous me direz, il n'y a rien de novateur là dedans. Sauf que la forme est particulièrement intéressante. L'alternance entre flash back (avec photographie colorée, jolie musique) et le temps du présent (photographie bleutée et glauque, musique pas bien réjouissante) est brillamment réussie. J'ai particulièrement aimé toutes les scènes relatant le début de leur histoire suivies aussitôt d'une scène de ménage ultra violente alors que les personnages sont bien plus âgés. Le choc est énorme. On a peine le temps de les trouver charmants qu'on les découvre sous un autre visage.
La grande force de Blue valentine, ce sont les deux interprètes principaux. J'ai rarement vu un couple si crédible. On y croit. Oui, on croit à leur amour. On y croit quand Michelle Williams (dire qu'elle jouait dans Dawson...Je n'en reviens pas !) joue la fille bourrée. On y croit quand Ryan Gosling s'énerve - et pas qu'un peu. C'est simple, on ne voit même plus des comédiens mais des personnages. Ils sont aussi bien à l'aise en gros beaufs alcoolisés et peu séduisants qu'en jeunots guillerets et amoureux.
Mélange de mélancolie, de romantisme et de drame, Blue Valentine a bien failli me faire éclater en sanglots. Pourquoi ? Vous trouvez pas ça déprimant, vous, d'assister à la déchéance d'un couple, qui laisse à penser qu'avec le temps, l'amour s'en va...? Franchement, ça ne donne pas envie de se marier.
Seul bémol, tout cela a un côté "arty", "indie" qui m'énerve un peu. Le côté "oh yeaaah, je shake ma caméra, je filme mal pour faire vrai" a tendance à me taper sur le système. Je crois que j'aurais fait un meilleur job que le cameraman. Évidemment, c'est fait exprès et c'est dans l'air du temps que de filmer n'importe comment. Sauf qu'au début, c'est tout bonnement insupportable. Tout est flou, tout tremble. Heureusement, cet effet caméra cachée finit par s'atténuer au cours du film. Sinon, je n'aurais même pas terminé.
Quelques très belles scènes : le coup du Yukulélé, la dernière scène de ménage, et le générique de fin. Regardez le en entier, il est superbe.
Bref, une réflexion intéressante sur l'amour. L'amour résiste t-il au temps et aux épreuves de la vie ? Le film nous dit que non (allez, on peut quand même y croire un peu !). Du coup de foudre au déchirement final en passant par la passion, les étapes du sentiment amoureux sont bien traitées. Chose rare pour un film de ce type, Blue Valentine fait réfléchir. C'est autre chose que 99% des romances, toujours avec un happy end pas très crédible. Après tout, Dean et Cindy sont des gens normaux. Pas de boulots de dingue, pas une maison luxueuse, pas une vie palpitante : ils sont vrais. On y croit parce qu'ils sont comme le commun des mortels.
Et puis...Ryan Golsing avec un début de calvitie et un tee shirt avec un aigle, ça n'a pas de prix. J'aime bien quand les acteurs cassent leur image de beau gosse de service.