Critique de Bo par Pom_Pom_Galli
Bo c'est l'histoire d'une pouffe qui devient pute de luxe pour se payer des pantalons. Un sujet assez casse-gueule qui a vite fait de sombrer dans le mélo larmoyant et donneur de leçon...
le 11 déc. 2013
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Depuis le célèbre Moi, Christiane F. 13 Ans, Droguée, Prostituée... qui marqua considérablement son époque, les œuvres cinématographiques narrant la prostitution adolescente sont légions, même si il est souvent extrêmement difficile pour les cinéastes de ne pas déraper dans le pathos le plus vulgaire qui soit en s'attaquant au genre.
Parmi les incontestables réussites, le sordide et bouleversant Lilya 4-Ever, réalisé par Lukas Moodysson en 2002, trône sur mon podium, suivi de près par le téléfilm Mes Chères Études d'Emmanuelle Bercot, première cinéaste à avoir osé aborder le fléau de la prostitution estudiantine en France. Des drames sociaux malheureusement universels, comme le témoignent les diverses origines de nombreuses péloches mexicaines, portugaises, russes ou slovènes abordant le même sujet.
Bo, lui, nous provient de Belgique, du côté de la Flandre. Cinquième long-métrage de Hans Herbots produit en 2009 et sorti en début d'année 2010, il s'agit de l'adaptation d'un best-seller flamand, Het Engelenhuis (que l'on peut littéralement traduire par La Maison Des Anges), rédigé par Dirk Bracke.
Deborah est une collégienne de 15 ans. Son père ayant abandonné le foyer et sa mère étant au chômage, elle réside avec cette dernière et son frère cadet dans le petit appartement de son grand-père à Anvers. Étouffée par la précarité, Deborah est rapidement fascinée par le train de vie de sa voisine Jennifer, 18 ans, noctambule et escort-girl pour le compte de Vincent. Malgré son très jeune âge, Deborah va inexorablement plonger dans une spirale infernale où le luxe et le sexe sont omniprésents. Sous le pseudonyme de Bo, elle va se confronter à un monde d'adultes. Un univers qu'elle n'est pas encore prête à assumer...
La grande révélation de l'œuvre est indéniablement la comédienne Ella-June Henrard dans le rôle titre qui tournait ici son tout premier film. D'un naturel confondant du haut de ses 15 printemps, elle incarne plus que brillamment cette collégienne complètement paumée dans les méandres d'une société où s'adonner à la surconsommation aux détriments des valeurs humaines est une incontestable preuve de réussite. Deborah refuse ainsi la galère financière familiale et veut être en phase avec les absurdes idéaux sociaux. Mais plus encore, elle ne veut surtout pas ressembler à sa mère dont elle responsabilise la fuite de la figure paternelle et la déliquescence budgétaire. Elle veut grandir vite, trop vite, pour échapper à son terne quotidien. Elle veut rêver. D'un futur enchanté. Comme la plupart des adolescentes.
En ce sens, Ella-June Henrard est réellement formidable. Et son jeu, sa présence, sa moue, ses regards, ainsi que ses tristes sourires apportent au métrage un indéniable souffle de réalisme où l'on vibre indéniablement avec elle et où l'on a envie de la prendre dans nos bras pour la protéger. Elle est jolie comme un cœur, intelligente et réfléchie, mais totalement égarée. Et l'on ressent que Hans Herbots a pris un malin plaisir à diriger la jeune comédienne, à la cadrer en format scope, à la magnifier, à la violenter aussi. Mais toujours avec une classe folle et une pudeur adéquate au propos.
Bo reste donc une œuvre délicate malgré toute la dureté du sujet. Un film d'utilité publique pour certaines adolescentes, mais qui est honteusement resté inédit en France.
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Créée
le 5 oct. 2023
Modifiée
le 26 nov. 2024
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