Adaptation filmique de la BD franco-belge La Grande Odalisque, elle-même très inspirée par le manga Cat's Eye, Voleuses est un divertissement made in France qui vise essentiellement le grand public et réussit indéniablement son objectif. Tout à fait le type de films que Besson a écrit et produit à la pelle par le passé, doté d'un confortable budget et lorgnant de-ci de-là, en tout cas ici, vers le cinéma américain de Michael Bay ou de Robert Rodriguez époque Desperado (voir la scène de la danse avant l'assassinat des mafieux albanais, diffusée en boucle sur les réseaux sociaux).
Autant invraisemblable qu'ambitieux, le quatrième film réalisé par Mélanie Laurent (dont je ne suis pas ouvertement très fan pour ma part) trouve son rythme de croisière dès l'introduction avec son action mixée à une forme d'humour parfaitement en phase avec notre époque. Une corrélation qui va certainement en agacer plus d'un et sera le plus souvent reprochée au long-métrage qui ne déroge pas à cette règle filiale durant près de 2 heures. Il y a pourtant quelques bonne vannes, surtout celles débitées par le personnage d'Alex, incarnée à merveille par Adèle Exarchopoulos qui prouve une nouvelle fois ici qu'elle est capable de tout jouer en restant crédible. Badass et touchante dans sa quête d'elle-même, elle reste LA principale raison de visionner Voleuses.
Et si Manon Bresch est également surprenante dans le rôle d'une talentueuse pilote de courses, le bât blesse indéniablement avec Isabelle Adjani, censée incarner une redoutable mafieuse dont elle ne matérialise ni la dangerosité, ni la prestance avec un jeu minimaliste qu'elle adopte désormais depuis déjà quelques années. Heureusement que son rapport amour-haine avec le personnage interprété par Mélanie Laurent fonctionne et permet ainsi de rééquilibrer sa présence à l'écran.
Quoi qu'il en soit, Voleuses n'est pas le film tout pérave que beaucoup de haters vont hâtivement juger ces prochains jours. Car Mélanie Laurent y a indéniablement mis tout son cœur, épaulée par les scénaristes Cédric Anger et Christophe Deslandes qui se sont adaptés à son désir de créer un pur film d'héroïnes sous forme de Charlie's Angels à la française. Et en ce sens, la complicité qui unit Mélanie à Adèle est plus que persuasive et émouvante, érigeant ainsi leurs personnages de tueuses et de voleuses au sommet d'un divertissement efficace et intègre. Une poignée de mauvais choix, quelques longueurs inutiles et deux-trois moments totalement nawak s'effacent ainsi face à l'essentiel : la sincérité. Ce qui est déjà beaucoup par les temps qui courent.