Si on en croit le consensus de l'Internet, "Inside" est un chef d'oeuvre d'humour Gen Y, une véritable capsule temporelle de la période COVID. J'ai donc cédé au bouche à oreille et j'ai profité de mon temporaire abonnement Netflix originellement dédié à Arcane pour regarder ce que Bo Burnham avait à me proposer.
Je l'admet, je suis parti avec un a priori plutôt négatif, ne connaissant pas l'humoriste et ayant beaucoup vu tourner "Welcome To The Internet" sur les réseaux sociaux; cette vidéo me semblait, avant de l'écouter, un énième hymne meme-esque à la gloire des bizarreries que l'on peut voir en ligne. Autant dire que le message mature et pertinent de la chanson m'a surpris dans le bon sens une fois qu'elle est apparue. Cette performance (qui j'espère ne sera pas la seule chose qu'on retiendra d' "Inside" d'ici 10 ans) représente bien le style de Bo Burnham : des observations fines et déprimantes plus ou moins visibles dans une ambiance inventive et délurée.
Ce style rafraichissant est mis à l'honneur par une mise en scène pleine d'idées avec un côté fait maison qui fonctionne de bout en bout sans jamais tomber dans un feel "Vlog confinement avec du budget"
Malheureusement, cette mise en scène est à double tranchant quand on sait que Bo Burnham se joue lui-même. Il a tendance à en faire des caisses pour transmettre son propos quitte à paraître creux et nombriliste. "All Eyes on Me" , la pièce maîtresse de l'ensemble, en est le parfait exemple ; je vois davantage l'acteur qui gesticule que l'humain qui traduit son mal-être. On pourrait aussi parler de "That Funny Feeling", peut être la meilleure chanson de l'ensemble, qu'il ne commence pas avant d'avoir lâché un exaspérant : "Désolé je sais pas chanter ou faire de guitare" . Si l'humoriste avait créé un personnage pour l'occasion, on aurait certes perdu les anecdotes personnelles, mais paradoxalement gagné en sincérité.
Parfois on touche au génie (30, White Woman's Instagram, la toute fin) et parfois on lève les yeux au ciel (Sexting, le segment ATL, certaines mises en scènes exagérément symboliques). Les efforts sont là mais j'ai l'impression qu'on essaye trop de me les vendre. C'est sûrement ma fatigue des blagues sur la dépression (sur lesquelles je tombe quasi quotidiennement) qui m'a laissé ce petit goût amer à la fin d' "Inside". J'ai aimé, je suis client de l'humour de Bo Burnham; j'avais peut-être envie de voir autre chose.