Documentaire fleuve (3h15) sur l'âge d'or de Dylan, depuis les débuts à Greenwich Village jusqu'à l'accident de moto : constitué à partir de films et de photos d'archives, ainsi que d'interviews des principaux protagonistes (Suze Rotolo, Joan Baez, Alan Ginsberg, Pete Seeger, etc., etc. ainsi bien sûr que de longs passages avec Dylan lui-même qui - dans les années 90 - revient sur sa jeune époque).
Bien entendu, de nombreux extraits du répertoire de l'Artiste, mais pas uniquement : le début du film est une véritable plongée dans la scène folk new-yorkaise de la fin des fifties, début des sixties. Particulièrement complet et intéressant, pour qui apprécie cela évidemment. Puis le succès, soudain, et la machine s'emballe.
La dernière heure s'attarde sur le passage de la folk au rock et les incroyables polémiques (un long passage est consacré au festival de Newport en 1965) que cela suscita à l'époque, avec de nombreux passages de scène où Dylan se fait siffler et insulter dès lors qu'il est accompagné par un groupe électrique puisqu'il démarrait en général ses concerts seuls à la guitare acoustique, son groupe ne le rejoignant qu'après quelques chansons. Polémiques à mon sens totalement stériles, puisqu'il a fini par montrer qu'il s'agit en définitive de la même musique, la musique populaire. Ensuite, Springsteen a définitivement enfoncé le clou...
Le documentaire nous montre un Dylan qui n'en fait qu'à sa tête et refuse de se laisser coller des étiquettes (de chanteur engagé, notamment) sur le front, ce que les médias et ses fans ne manquent bien entendu pas de faire. Dans la dernière demi-heure, ses interviews télévisées sont hilarantes, entre les questions qui lui sont posées et ses non-réponses. Le film ne lève toutefois pas totalement le voile sur le mystère : est-il celui qui s'est trouvé là au bon moment et qui s'est ensuite laissé porter par les événements (ainsi que par son caractère de cochon, un peu tout de même) ? Ou bien est-il un formidable opportuniste doublé d'un manipulateur hors pair ?
Ce qui par contre ne fait aucun doute est son état de lassitude physique et mentale en 65, avec ces extraits de concerts à Londres et à Paris, où on le voit chanter hagard, complétement stone. Une parabole de Scorcèse sur le rock'n roll, me direz-vous...et c'est là certainement que l'on retrouve la patte du réalisateur dans ce qui aurait pu n'être qu'un simple documentaire.