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Tout fan d’Al Pacino est completiste, et tout cinéphile se doit de l’être également. Il veut avoir tout vu, même le pire. En particulier les vieux films, qu’on imagine – souvent à tort – bons. L’effet magique de la patine du temps, j’imagine. C’est ainsi que Bobby Deerfield est sur ma liste Pacino depuis longtemps.
Ça aurait dû m’alerter. Un film difficile à voir, il y a toujours une bonne raison pour ça : en général, il est assez mauvais. Même W9 n’en veut pas.
En fait, Bobby Deerfield est une tentative cynique de surfer sur les océans marketing de Love Story, le grand succès mélo de la Paramount des années 70. Pollack part là-dessus, avec un alibi littéraire : l’adaptation du Ciel n’a pas de préférés, d’Erich Maria Remarque. L’argument : une-très-belle-femme-au-caractère-complexe émeut un très beau protagoniste masculin, qui tombe bizarrement amoureux ; mais, pas de bol, ça va mal finir.
Là-dedans, il y a une bonne idée, très mal gérée par le metteur en scène d’Out of Africa : Bobby Deerfield est pilote de Formule 1 ; il voit la mort en face tous les jours (son coéquipier a un accident dans la première scène). La-très-belle-femme-au-caractère-complexe cherche de son côté à s’échapper d’un hôpital pour une maladie inconnue. Indice : elle perd ses cheveux.
On voit l’idée ; qui affronte réellement la mort, qui peut apprendre de l’autre… ?
Le caractère fantasque de Lilian est la bonne nouvelle du film. Heureusement qu’elle est là, Marthe Keller, car c’est elle qui apporte le grain de folie du film, dans tous les sens du terme. Son interprétation est tout simplement époustouflante, apportant complexité, naturel, et sensualité à fleur de peau.
À côté, et c’est une rareté, Al Pacino joue mal, dans un registre de petit gars timide (sa spécialité dans ses premiers films (le Michael de la première partie du Parrain, Panique à Needle Park, Justice pour Tous)) Malheureusement, ça ne colle pas du tout à la personnalité d’un pilote de Formule 1. Validant au passage la théorie du Professore sur les Césars/Oscars, Al Pacino a été nommé au Golden Globes 1978, tandis que Marthe Keller n’a rien eu.
Dernier clou sur le cercueil, Pollack essaye maladroitement de copier Antonioni en insérant dans son film totalement mainstream quelques plans ultra-allégoriques, comme ce passage dans le tunnel, surjoué et surfilmé.
Le problème de la collection du cinéphile, c’est qu’il ne peut jamais s’en débarrasser : les mauvais films prennent autant de place dans son cerveau dérangé que les chefs-d’œuvre.
Créée
le 23 juin 2021
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