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Les productions du nouveau studio à la mode A24 pullulent de plus en plus sur les écrans. Bâties sur un modèle de financement similaire à ce que peut faire Jason Blum chez Universal, avec ses séries B et films d’horreur à petit budget mais high concept et souvent un degré de rentabilité fort, elles s’en démarquent par leur côté plus sérieux et indépendant. On pense récemment au magistral « Men » ou au buzz et carton, enfin surtout outre-Atlantique, « Everything, everywhere, all at once » ou encore aux films d’Ari Aster pour parler de métrages plus anciens. Attention cependant à ce que le studio ne se fourvoie pas en produisant trop, perdant ainsi en qualité et rareté comme l’annonçaient un peu les décevants (mais originaux) « X » et « Pearl » ou ce « Bodies Bodies Bodies » certes éminemment sympathique et surtout gentiment divertissant mais qui ne casse pas trois pattes à un canard. Et s’il entendait donner un coup de fraîcheur au genre galvaudé du slasher, c’est plutôt raté, car ce film n’a rien de bien mémorable au-delà de son statut de produit de consommation courante agréable sur le moment mais vite oublié.
Complètement fondu dans la mouvance woke à la mode en ce moment et qui commence à en agacer beaucoup et à saturer le monde du divertissement, « Bodies Bodies Bodies » est un pur produit de son époque. Et le sous-genre galvaudé du slasher était le parfait véhicule pour ce type de discours. On a d’ailleurs du mal à savoir s’il se fait le parangon de son époque en analysant ce courant sociétal, s’il saute à pieds joints dedans ou s’il le singe volontairement en signe de clin d’œil un peu moqueur tant le trait satirique n’est pas assez appuyé. C’est dommage d’ailleurs car d’en faire un sous-texte méta plus appuyé, qu’il le critique ou pas, aurait pu lui faire gagner des points. En somme, en lieu et place d’une bande de jeunes blancs riches avec prédominance de beaux gosses musclés et de bimbos écervelées, on a droit à un bel échantillonnage de personnages variés et bien plus réalistes (afro-américains, gays, drogués, problème de santé mentale, quadragénaire, ...) qu’on ne voit que très rarement dans ce type de films. Et il faut avouer que si parfois ça devient un peu trop martelé et presque hors sujet dans le paysage du divertissement actuel, dans ce film c’est un véritable bon point et cela rend plus crédible les situations ainsi que les dialogues. D’ailleurs, les personnages sont bien plus fouillés qu’à l’accoutumée.
On suit donc ce jeu de massacre dans une gigantesque maison avec intérêt à défaut de passion même si le coupable ou plutôt la résolution nous saute un peu trop vite aux yeux. C’est dommage car cela enlève un peu du piment propre au slasher même si « Bodies Bodies Bodies » n’en est au final pas vraiment un. On a en revanche beaucoup plus de mal avec la manière dont tout cela est filmé, parfois plus désagréable qu’un film issu du found-footage. On comprend que le scénario oblige Halina Reijn à poser sa caméra dans le noir mais les deux tiers du film éclairé à l’Iphone finissent par faire mal à la tête et fatiguer la rétine. Quant à vouloir mettre un coup de neuf dans le slasher comme « Scream » l’avait fait il y a vingt-cinq ans, on ne peut pas dire que ce soit probant tant cette petite série B pêchue et plutôt ludique reste insignifiante et qu’elle ne marquera pas les mémoires des amateurs. Mais elle leur fera sans aucun doute passer un bon petit moment de détente aux amateurs du genre pour un samedi soir chill entre copains.
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le 27 sept. 2022
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