Un Brian De Palma qui résume l'intégralité de son oeuvre,et visite l'ensemble de ses thèmes de prédilection. Voyeurisme,obsession et double vision sont au menu dans "Body Double", sorte de thriller 80's truffé de références hitchcockiennes. Pour le coup,il dira adieu à cet hommage encombrant, mais captivant où il revisite les chefs d'œuvre du maître dans une époque plus vulgaire et grotesque.
C'est donc ainsi qu'il faut voir "Body Double", au second degré, un thriller volontairement à la lisière du parodique. Palma y fait la preuve de sa virtuosité filmique, notamment son fameux gimmick de la caméra tourbillonnante à 360 degrés lors d'une scène érotique en diable. Mais également un stupéfiant plan séquence dans un centre commercial, menaçant et ludique à la fois. Il maîtrise donc parfaitement son outil,et peut à loisir manipuler le spectateur et éveiller son désir.
Celui-ci regarde aussi avec convoitise cette call-girl se déhancher à travers les jumelles, sur le "Télescope" de Pino Donaggio. Il assiste aux ébats du tournage d'un film X sur fond de "Relax" de Frankie Goes to Hollywood. Il est témoin d'un meurtre préparé par un Indien avec une perceuse à pointe extra-longue. Jouissance et masturbation visuelle. Très fort.
Pour le reste,le film a évidemment vieilli,tellement ancré dans une époque qui n'a pourtant que 35 ans d'âge,mais tellement plus dans l'état d'esprit. Kitsch,excessif et traité avec beaucoup de désinvolture.
Mélanie Griffith s'y dénude intégralement, conseillée par une porn star. La sculpturale Deborah Shelton, Miss USA 1970 envoûte par sa beauté inaccessible. Les deux symbolisent les 2 faces d'une même pièce: l'attirance, le fantasme et le piège se refermant fatalement. Le héros,acteur de série Z raté et frustré tombe à pied joints dans cette machination,où rien n'est ce qu'il semble être. Filatures,trucages propres à la Cité des anges et rêve éveillé l'éloignent du monde tangible,pour pénétrer dans un univers fantasmé aux relents de cauchemar. Obscène assurément.