Je vais leur montrer qui c'est Jibest!
J'avais plutôt été bon public avec les gialli de Lamberto Bava des années 80, grâce à leur côté bisseux totalement assumé. Les meurtres sanglants de La maison de la terreur restent inoubliables (au contraire du reste du film...) tout comme l'immersion dans le milieu des magazines de charme dans Delirium. Mais je ne sais pas pourquoi, ces oripeaux racoleurs ont disparu dans Body Puzzle, laissant Lamberto totalement au dépourvu. Je serai tenté d'écrire "Le fils du roi est nu" (Ah zut je viens de le faire).
La première chose qui choque ici (en exceptant l'histoire foireuse), c'est l'esthétique. Le directeur de la photographie est officiellement celui des Frissons de l'angoisse mais l'image est digne d'un téléfilm américain de l'époque. En fait, on veut nous faire croire que l'histoire se passe aux États-Unis : noms américains, personnages clichés, décors de soap opera, ... Bizarrement, alors qu'il s'agit d'un film "policier" et qu'il y a plein de "policiers" en civil sur les lieux des différents crimes, on voit peu d'entre eux en uniforme. Juste à un moment on voit au loin deux d'entre eux qui ressemblent davantage à des carabiniers...
La deuxième chose qui choque (bon la troisième en fait si on compte l'histoire foireuse), c'est le gore. Lamberto Bava n'avait jamais fait dans la dentelle avant, là ci. Lors des scènes de meurtres, le tueur est censé mutilé et prélevé des organes sur ses victimes. Mis à part le découpage d'une main en mousse, ces actes seront effectués en hors champ. Cette auto-censure en devient absurde lors d'une scène : le tueur poignarde un type dans une piscine, et le corps est retrouvé le lendemain matin dans une eau toujours aussi bleue, sans la moindre trace de sang!
A propos des meurtres, un autre problème est la musique. Dans les frissons de l'angoisse le tueur écoute une comptine enfantine pour se mettre en condition pour tuer. Là le tueur fait de même en écoutant Une nuit sur le mont chauve de Moussorgski. Au bout de 5 scènes déjà peu passionnantes illustrées par la même musique, cet artifice devient lassant. Sinon Carlo Maria Cordio prouve encore une fois être un compositeur de troisième ordre.
Enfin il faut parler du casting : Tomas Arana, totalement éteint, ne se force pas dans son rôle d'inspecteur stakhanoviste coupé du monde qui découvre progressivement l'Amour avec un grand A. Joanna Pacula est particulièrement inexpressive (il faut voir sa tête lorsqu'elle apprend que la tombe de son mari a été profanée!) L'assassin, François Montagut (je peux dire qui c'est puisque le début du film et l'affiche nous annoncent tout de suite que c'est lui le méchant) fait penser à Woody Harrelson, mais avec beaucoup moins de charisme et de talent. Il n'est ni inquiétant ni émouvant.
Sinon les dialogues en vf sont particulièrement foireux. Par exemple pour impressionner une dame de la haute il ne faut pas dire "Avant qu'il ne vous tue" mais "Avant qu'il n'éteigne votre sourire". Ou après que l'assassin soit mis hors d'état de nuire le héros dit à son sous-fifre non pas "appelle une ambulance" mais "Demande au bureau des narcotiques qui était le dealer qui le fournissait. Je te laisse t'occuper de cette affaire pendant deux jours. (Pause) Jimmy, si on te demande ou je suis, je suis au septième ciel, OK?"
C'est sur ces belles paroles que se finit le film, alors que l'inspecteur déserte la scène de crime sans crier gare, et même pas pour rejoindre sa nouvelle copine qui se trouvait à côté. D'un autre côté je n'étais pas mécontent que le générique de fin commence!