Tout d’abord. Passons sur le fait que les évènements relatés dans Bodyguards and Assassins soient faux. Lieux, personnes et j’en passe. Teddy Chen s’amuse à prendre une véritable personnalité politique : Sun Yat-sen et crée un univers fictif autour de lui ou comment réécrire l’histoire avec un message emprunt d’un certain nationalisme. Le message nationaliste du film… passons là-dessus également. Cela devient monnaie courante avec les productions qui lorgnent du côté de la Chine continentale. On pourrait également passer outre le fait que le cinéaste prend le parti pris de réaliser cette histoire au premier degré, ce qui par moment devient lourd surtout avec les messages dans cette veine du « la nation patati patata, les braves qui se sacrifient et patati et patata »…


Tentons de percevoir Bodyguards and Assassins comme ce qu’il est : un divertissement grand public avec de l’émotion en veux-tu-en-voilà. Un film d’action qui parvient à maintenir une tension permanente tout du long, du moins après la première heure. Parce que durant tout ce temps, on brode (trop de parlote). On tisse les mécanismes qui rendent les personnages (les gentils) attachants pour la grande émotion programmée avec les violons et grands élans qui vont avec. Tout ce que le cinéma spectacle fait de mieux dans cette façon de tout calibrer, de tout contrôler. Tout ce qui m’irrite le plus dans ce cinéma du spectacle. S’il en faut trouver une, de chose plutôt positive dans ce cinéma ce sont les stars. Il y en a un paquet et pour tout les goûts, c’est ça qui est bien avec ce genre de production. Les moyens sont là.


Des stars, il y en a donc à la pelle dans Bodyguards and Assassins et tous (ou presque) donnent une prestation qui vaut le coup d’œil. Sincèrement. On en oublierait les erreurs de casting (Leon Lai, entre autre qui passe à côté de son personnage) pour se concentrer sur le spectacle que nous offre Teddy Chen. Teddy Chen justement. Y a-t-il une touche propre de metteur en scène dans ce film ? Pas vraiment tant les codes du film à spectacle sont régis par une nomenclature stricte. Qu’apporte-t-il réellement ? Ses effets de mise en scène qui ne sont pas toujours du meilleur goût ? On s’en serait passé. Entre l’abus du ralenti et les interstices qui décomptent le temps avant l’arrivée de Sun Yat-sen à HK. Bouh que c’est laid. Bouh que ça manque d’inspiration dans cette façon de refaire à l’infini des choses vues et revues.


Au-delà du fait qu’il soit bien trop long et trop manichéen, Bodyguards and Assassins est un bon divertissement. Certes, il est poussif émotionnellement parlant avec cette sacralisation (tendancieuse) des héros et sa musique stéréotypée permanente. Un divertissement correct qui a le mérite de nous tenir éveillé avec des scènes d’actions qui vaut le coup d’œil bien qu’elles arrivent tardivement. Un décor extraordinaire sur cette reconstitution du Hong Kong du début du siècle dernier, bien qu’on ne dénote pas toujours l’effervescence de la rue, ce chaos citadin si particulier, peu importe (même si c’est dommage). Pourtant, un constat sans équivoque se fait ressentir. Il n’est pas sûr qu’on se souvienne de Bodyguards and Assassins bien longtemps. Aussi vite vu que déjà (presque) oublié. Frustrant. Résultat mitigé donc.


http://made-in-asie.blogspot.fr/2010/04/bodyguards-and-assassins-teddy-chen-hk.html

IllitchD
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le 25 févr. 2013

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