Sur la lancée de la fameuse et irrésistible série des "Panthère rose", Blake Edwards a enchaîné des comédies dont certaines sont désormais considérées comme des modèles du genre. Celle-ci tient ses promesses, mais risque néanmoins de décevoir ceux qui ont adoré "Elle" et surtout "Victor, Victoria". Car, malgré le titre français, il manque à "Boire et déboires" cet humour pétillant faisant le charme des deux oeuvres citées. Le cinéaste, fidèle à son style, mise encore à fond sur le comique de situation. il en résulte cette fois un film très burlesque qui échappe au piège de la vulgarité, mais pas toujours à celui de la facilité.
Mais c'est comme ça depuis les débuts du 7e Art, l'effet tarte à la crème séduit autant qu'il irrite...
A la limite, en ces temps de sinistrose aiguë, "Boire et déboires" peut même être présenté comme un film antidote. Eclats de rire à gogo, en effet, avec un thème bien dans la tradition hollywoodienne. Celui de l'héroïne BCBG se métamorphosant en miss catastrophes sous l'influence de l'alcool.
Championne toutes catégories, cette Nadia qui fait irruption de façon inoubliable - et comment ! - dans l'existence d'un cadre de banque. Son frère a beau l'avoir prévenu en le branchant, Walter se croit obligé de lui offrir du champagne avant d'en faire sa cavalière pour le dîner d'affaires organisé par son patron. Fin saoûle (bizarre expression, alors que c'est la grossièreté qui prend les commandes, le plus souvent !), elle crée un scandale homérique qui débouche sur l'annulation d'un gros contrat et le renvoi sur le champ (de bataille, ô oui !) de son compagnon.
Dans la foulée, Walter (Bruce Willis, faisant très bien passer le désarroi de mec dépassé) va vivre une nuit dantesque. Lui qui n'a plus qu'une hâte, raccompagner cette belle emmerdeuse, va en fait devoir affronter des situations tragi-comiques en cascade. Blake Edwards n'a reculé devant aucun effet appuyé au nom de sa théorie en matière de gag visuel : "En exploiter tous les rebondissements pour en tirer le maximum...".
Au petit matin, être zombiesque quittant un commissariat avec la perspective d'une foule d'ennuis, il découvre que c'est elle qui a payé la caution et qu'il est en train d'en tomber amoureux ! Savoureuse scène de retrouvailles qui montre Nadia, entre sommeil et réveil, minauder sensuellement son remords devant un Walter enivré par son "Parfum de femme". Au terme de nouvelles péripéties, le film se termine par le happy end prévisible.
A travers l'interprétation débridée de Kim Basinger, toujours aussi craquante, c'est tout ce que l'"éternel féminin" a de désarçonnant et d'ensorcelant qui est ainsi illustré sur le mode comique. La Femme, pour laquelle Blake Edwards, de film en film, nourrit une évidente fascination (ce n'est pas moi qui lui jetterai la première pomme du Jardin d'Eden !).
Malgré ses ficelles un peu grosses, "Boire et déboires" est une oeuvre distrayante qui ne mérite pas de "trinquer" au niveau de la notation.