On commence à repérer de loin ces films fleurant bon le fair trade, le Max Havelaar du cinéma indépendant mondialiste. Destinée microscopique d’un individu attachant d’anonymat, références à un paysage économique morose, éloge de l’amitié et de l’humanité cachée dans les petits moments du quotidien, tout est là.
On ne va pas tirer à boulet rouge sur cette recette qui peut souvent fonctionner, d’autant qu’elle ici agrémentée de paysages argentins de toute beauté et que film fait montre d’un réel travail dans sa photographie. Le recours à la caméra à l’épaule peut néanmoins s’avérer irritant, voire injustifié dans ses mouvements erratiques, comme si l’amateurisme du cameraman pouvait garantir la tonalité naturaliste du film, de même que ces gros plans sur les visages font un temps penser que le format du DVD n’a pas respecté celui du film originel.
La première partie du film, avant l’irruption du chien éponyme, est assez pertinente et dresse un portrait touchant du protagoniste. Mais l’évolution du scénario, sorte de Little Miss Sunshine canin, est plutôt lourde, rappelant le récent et très pénible Les merveilles, et la tonalité supposée comique (le chien aura-t-il une libido ?) tombe à plat. Ajoutons à cela une musique envahissante et totalement hors de propos, sorte de sucrerie américaine, et l’ensemble achève de ne pas convaincre.
Voyager, c’est bien. Les paysages exotiques, c’est fascinant. Les petites gens aussi. Mais si l’on veut porter à l’écran une singularité, il est tout à fait contreproductif de prendre pour cela les rails d’un récit éculé et de procédés pathétiques inefficaces.