La prisonnière du désert des troglodytes

La référence au chef d'oeuvre de Ford est aisée : un groupe d'homme part à la recherche d'une femme (et ici d'un homme également) enlevée par des indiens (ici un clan de troglodytes cannibales).


Là où S. Craig Zalher se démarque c'est dans le traitement. Loin des plans grandioses de Ford qui perd ses hommes dans l'immensité du far west, Zalher lui les filme au plus près.
Après l'introduction obligatoire des personnages que l'on va suivre très très loin, on passe une très longue heure dans le désert broussailleux et caillouteux, lieu hostile s'il en est, avec les seuls hommes disponibles pour partir à la rescousse de nos kidnappés dans une ville désertée en période de transhumance.
2 n'ont pas vraiment le choix: le Sheriff Hunt (Kurt Russell, absolument impeccable de charisme) un homme vieillissant mais toujours alerte, qui connait son affaire et sait tirer parti de ce qu'on lui donne et Arthur O'Dwyer (Patrick Wilson), cowboy de métier blessé à la jambe donc éclopé, dont la femme a été enlevée, un homme affaibli mais têtu qui avancera coûte que coûte.
Les 2 autres sont là par choix. D'une part, on a Chicory (Richard Jenkins, au top), un vieil homme, sheriff adjoint de réserve, qui suivrait Hunt jusqu'au bout du monde et prend son rôle très sérieux et John Brooder (Matthew Fox), le beau gosse de la ville qui n'est là que pour casser de l'indien en apparence.
Le rythme du film est lent mais on ne s'ennuie pas vraiment, on apprécie de faire connaissance avec ces hommes courageux mais peu bavards, à part Chicory. Quand on arrive enfin au pied de la montagne où se terrent les troglodytes, on a une assez bonne idée de qui sont ces hommes. Ils ont peut être leurs défauts et peuvent être pour certains des gros pignoufs mais ce ne sont pas des monstres.
Les monstres sont dans la caverne et ils sont vraiment monstrueux.
Le seul indien reconnaissable du casting nous a prévenu au début, ce ne sont pas des indiens, ce sont des dégénérés qui violent leur mère et mangent de la chair humaine.
Et si on nous épargne le viol (encore que j'ai vu le moment où on aller pas y couper), on ne nous suggère pas la cannibalisme, on y a droit.
Et là on bascule dans un autre film. Le découpage à vif d'un être humain, ce n'est pas joli à voir (pour faire dans l'euphémisme).


Toute la tension accumulée au cours de l'heure précédente trouve sa raison d'être dans cette scène d'une sauvagerie et d'un graphisme hors du commun. Je crois n'avoir jamais vu ça (je ne l'ai toujours pas vu en entier d'ailleurs, j'ai fermé les yeux et me suis bouchée les oreilles).


Cependant, malgré cette scène d'un gore et d'une cruauté hallucinants, on a envie de continuer. Parce qu'on s'est attaché à nos héros et qu'on veut savoir s'il vont se faire boulotter les uns derrière les autres ou pas! Même si pour ça, il faut subir des images insoutenables.


La distribution est absolument impeccable, le casting est de premier choix et chacun excelle dans sa partie. La musique est quasi inexistante, rendant encore plus lourde l'ambiance du film. Les troglodytes, personnages presque fantastiques, ont un bon look. Zalher a fait le choix de les garder dans l'ombre et mystérieux, ça fonctionne toujours bien pour une menace sourde mais j'aurais aimé connaître un peu mieux le groupe et le pourquoi de leur système de reproduction (une autre image qui persiste sous la rétine).


Un western horrifique, série B indéniable, une bonne surprise en terme de qualité surtout pour un premier film (où le type semble tout faire à part jouer et faire la cuisine) et pourtant je ne suis pas sure d'avoir aimé, ou même apprécié.


Cependant mon cerveau a bien identifié un réalisateur à suivre, sans l'ombre d'un doute.

Créée

le 27 avr. 2017

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Anilegna

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