Lévitique 26:29 : «Vous mangerez la chair de vos fils, et vous mangerez la chair de vos filles»


Jérémie 19:9 : « Je leur ferai manger la chair de leurs fils et la chair de leurs filles; Ils mangeront la chair les uns des autres Dans l’angoisse et la détresse Où les réduiront leurs ennemis Et ceux qui en veulent à leur vie ».




Pas de pitié pour les cannibales !



Bone Tomahawk écrit et réalisé par l'auteur américain S. Craig Zahler est un western horrifique sorti de nulle part pour nous offrir un divertissement inespéré. Une première entrée en scène étonnante pour le cinéaste qui compte tenu de son inexpérience et d'un petit budget parvient à faire preuve d'efficacité en articulant son film autour d'un scénario intelligent dans lequel l'on va suivre un petit groupe de cow-boys lancé dans une traque sans merci à la recherche d'un groupe de cannibales ayant kidnappé certains de leurs proches. Une histoire imprévisible que l'on peut scinder en deux parties avec une première moitié axée sur une construction dramatique durant laquelle l'on explore la psychologie des personnages lancés dans une difficile et longue poursuite, où jour et nuit le groupe se confronte à la difficulté des éléments. Une route inquiétante vers une obscure destination qui l'est tout autant, favorisant un climat angoissant autour d'un suspense complété d'un humour intelligent et plein d'esprit qui s'associent adroitement pour offrir une atmosphère funéraire efficace. Une élaboration soignée soutenue par une tension malheureusement frivole à cause d'un rythme à construction lente qui sur la longueur galère à maintenir son enjeu. Une séquence d’exposition autour d'une menace qui plane de manière permanente, plus ils se rapprochent de l'antre du diable plus l'inquiétude monte ce qui fait son petit effet. Il est regrettable qu'à cause d'un manque de dynamisme tout cela tombe un peu à côté.
 


La seconde moitié du récit offre à Bone Tomahawk toute sa saveur morbide dans une explosion de violence condensée à travers une horreur implacable où notre groupe de cowboy se retrouve dans la gueule du Diable confronté à des cannibales monstrueux. Une action haletante et intransigeante avec des ennemis qui sortent de nulle part pour offrir un véritable survival horror. Un bouleversement de rythme radical qui transcende le récit en le noyant sous une frénésie qui va laisser place à un véritable carnage où personne n'est épargné. Un contraste de survie saisissant, inquiétant, jouissif, dynamique et gore qui nous plonge dans une confrontation choquante qui de par sa brutalité et son immortalité vient corrompre la vision du grand Ouest sauvage par la pâleur et la rigidité cadavérique d'un Ouest morbide. Le choc est assuré, le spectateur ne peut plus lâcher l’écran tant il est emporté par ce cauchemar aréique. Le cinéaste parvient à créer une ambiance malsaine et oppressante, diablement efficace avec des décors poussiéreux sinistres imbibés de soleil qui offre un sentiment de solitude constant. Une réalisation intuitive sur une mise en scène ingénieuse avec une caméra qui porte savamment son contraste orienté western 80's, appuyé d'une belle photographie ainsi que d'un excellent montage. Une technicité de premier ordre à laquelle on regrettera tout de même une composition musicale peu marquante.


Les personnages sont très sympathiques, bénéficiant d'un bon développement englobé d'excellents dialogues qui permettent de créer un lien avec le spectateur qui s'attache à ce petit groupe atypique. Kurt Russell pour le shérif Franklin Hunt, offre une performance convaincante en tant qu'homme de loi vaillant mais pas tête brûlée, qui malgré l'aspect dingue des évènements essaye de garder la tête froide pour mener à bien sa mission de sauvetage. La relation qu'il entretient avec son adjoint Chicory par Richard Jenkins, qu'il surnomme « second » est formidable. Jenkins offre un protagoniste complètement décalé avec son air crédule et innocent qui s'étonne de tout par une réflexion souvent proche de l'enfant. Avec John Brooder, Matthew Fox fait preuve d'efficacité sous les traits d'un gentleman expérimenté pour ce qui est de la chasse aux Indiens. Un cowboy arrogant que l'on pense dans un premier temps détestable jusqu'à découvrir son terrible passif. Hobbled Arthur O'Dwyer par l'excellent Patrick Wilson parvient à marquer sa croisade en se confrontant tout du long à la terrible douleur de sa jambe cassée, ainsi que celle de l'enlèvement de sa femme "Samantha", incarnée par une Lili Simmons plus ou moins convaincante. Wilson avec sa témérité amène avec sa foi une illustration convaincante du contraste d'époque. Un groupe de quatre hommes atypiques attachants qui vont devoir trouver une cohésion pour espérer ressortir vivant de la terrible confrontation contre des cannibales cauchemardesques : « les Troglodytes ». Leur sauvagerie n'a d'égale que leur barbarie avec leur communication hors norme, vivant dans un repaire inquiétant avec un cimetière vaudou frissonnant. On se délecte des personnages secondaires avec David Arquette dans le rôle de Purvis, accompagné de son pote Buddy par Sid Haig. La comédienne Kathryn Morris vient nous faire un petit coucou appréciable en tant que Lorna Hunt, la femme du shérif.



CONCLUSION :



S. Craig Zahler frappe fort avec cette première réalisation dans laquelle il n'hésite pas à bouleverser les mœurs en présentant un survival horror made in far west. Une traque gore, drôle, malsaine, atmosphérique et brutale qui nous plonge dans l'horreur du désert par le biais d'une ambiance tendue que le rythme mal géré vient malheureusement couper le souffle. Une pièce macabre portée par des personnages rayonnant sur lesquels on s'attarde dans une construction lente qui a le mérite de créer un lien avec le spectateur qui s'inquiète pour eux. Un mélange de suspense et de gore ayant un effet rafraîchissant pour le genre du western qui se trouve sacrément dépoussiéré. Et dire que ce film aura eu droit qu'à une sortie direct en DVD...


En 2015, Bone Tomahawk s'avère être un western inespéré, sortie de nulle part à l'image des terribles Troglodytes.



Ézéchiel 5:10 : « C’est pourquoi des pères dévoreront leurs fils au milieu de toi, et des fils dévoreront leurs pères. J’exécuterai contre toi des jugements, et je disperserai à tout vent tout ce qui restera de toi ».


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le 25 juin 2022

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