Un métrage qui sort des sentiers battus et permet de repérer un metteur en scène talentueux. Premier film remarqué pour S.Craig Zahler (qui en a écrit le scénario) qui prouve que le genre peut se prêter sans problème à une revisite horrifique, assez absente dans le milieu cinématographique.
C’est pourtant bien un western et on y retrouve quelques clins d’œil aux classiques, avec des hommes valeureux qui iront sauver une femme, ou encore la tendance horrifique du film Vorace assez remarquable dans son genre. Une ambiance crépusculaire, rappelant même Sam Peckinpah pour un bel hommage mais où le réalisateur nous propose ensuite sa vision de l’horreur de l’ouest.
Des personnages héroïques faisant front contre une tribu inconnue et effrayante, aux mœurs violentes. Cela confère au film une signature pour le moins originale, teintée de mysticisme et de fantastique, tout en restant réaliste et d'autant plus impressionnante.
On prend le temps de côtoyer les habitants de cette petite ville qu'est Bright Hope, de sourire même par quelques touches d'humour. Mais la suite avec une introduction sanglante nous plonge directement dans la direction à venir sans nous préparer pour autant à ce qui suivra.
Sur fond de profanation, le shérif du coin (Kurt Russell) partira à la recherche de ses trois disparus kidnappés par des indiens troglodytes, en quête de vengeance. Il sera accompagné du mari, d’un tireur d’élite et d’un de ses adjoints dévoué corps et âme, et s’aventureront en territoire hostile.
Sans effet accessoire, sans musique mettant en valeur la répétition. Paysages identiques, longues marches incessantes, grands espaces et silence, pour nous confronter à une menace invisible.
Tout est bien mené, même si les deux tiers du film se concentrera ensuite sur le périple de notre bande et joue d’une grande lenteur. Le metteur en scène prend son temps avant de nous confronter à l’impensable.
On les suit au grès de leurs discussions, servis par d’excellents dialogues nous permettant de faire connaissance avec ces quatre hommes aux caractères différents et n’ayant pas les mêmes objectifs. Ils devront lutter contre les dissensions, l’isolement et la peur grandissante.
Croisant les plans larges de l’environnement à ceux au plus près des personnages au fur et à mesure que la menace se concrétise. Pas de héros malgré les apparences. Le choix des acteurs est une réussite. Richard Jenkins et Patrick Wilson pour des rôles à contre emploi et une mention spéciale pour Matthew Fox étonnant et jouissif et bien sûr, Kurt Russell toujours à l’aise. On verra avec plaisir mais trop peu de temps, Sean Young, en figurante relativement imposante.
Chacun est décrit parfaitement et l’empathie gagne mais au fil de l’aventure, l’angoisse pointe. La photographie sert à merveille cette ambiance poussiéreuse et désolée, et comme tout bon western la foi est présente, et la souffrance physique viendra s'ajouter à un périple déjà bien dangereux.
A l’inverse et pour appuyer la notion de danger, on ne saura pas grand-chose de cette tribu consanguine et cannibale, surgissant de nulle part... ils ne parlent pas, ne font aucun bruit, à part lorsqu'ils sifflent de manière stridente à l’aide d’os humains implantés dans leur gorge, mais s’avèrent de redoutables tueurs. Le final nous secouera au cas où on se serait cru presque sauvés.
Avec un petit budget, une mise en scène épurée, le metteur en scène nous surprend avec ses hors champs accentuant l’ambiance lourde et anxiogène, pour nous confronter ensuite et enpleine face, au gore et à l’horreur et signe un final digne des meilleurs crus du genre. La barbarie sans concession nous fait basculer dans une autre dimension et fait de cet ofni une réussite étonnante.