Pas si loin de son but

Je vais me permettre de nuancer l'appréciation générale qui a été faite du film.

C'est parce qu'il suit des trajectoires de forme et de genre variés sans les exploiter absolument qu'elles ne sont jamais abouties. Ce n'est ni une romance glauque, ni un road-movie, ni un thriller horrifique, et parce qu'il pioche dans tous les topiques de ces genres, il n'est rien à la fois. J'ai passé une partie du film à me demander où voulait en venir le scénario, et identifier les mêmes écueils que ceux de CMBYN - un film d'auteur avec des lenteurs, des langueurs, des contemplations, des dialogues somme toute assez vides.

La poésie aurait pu prendre s'il y avait eu, en filigrane, une double lecture, un prisme métaphorique à la trame principale. Je pense notamment à des sujets qui auraient pu être développés autour de l'anthropophagie, des personnages eux-mêmes (pourquoi ne pas avoir creusé davantage Lee ?), plutôt que de suivre l'éternel triptyque de la quête des origines. Une lecture plus charnelle ou mystique du cannibalisme aurait pu mettre en perspective l'histoire d'amour et la dimension horrifique de leur roadtrip.

L'avant-propos également, avec le père n'était pas nécessaire pour moi, comme les attendus autour de la conscience humaine,

Contrairement à certaines critiques, j'ai trouvé la photographie belle, notamment des paysages, mais également des gros plans dans les scènes glauques, les vues de plafond (scène de fin), la pâleur de l'image, la teneur artistique du propos.

Globalement le film était agréable à suivre, même s'il n'était disruptif en rien, qu'il n'excellait nulle part, pour une question assez personnelle de goût j'ai pu l'apprécier.