Bonhomme est hors-norme parce qu’il fait entrer la lumière dans l’intimité d’un sujet jusqu’alors maintenu dans l’obscurité. En refusant de tomber dans le pathétique ou dans la compassion, notre couple principal illustre la fidélité conjugale à l’épreuve du handicap et mêle adroitement les difficultés d’ordre particulier et d’ordre plus général ; car s’il est question d’une rééducation après accident, le cœur dramatique concerne également les galères que rencontrent un homme et une femme jeunes, amoureux l’un de l’autre et écrasés sous le poids des contraintes quotidiennes – le lien avec une belle-famille détestable, les pressions ressenties dans un monde d’employés, les incendies domestiques. L’arme employée ici, c’est l’humour et ça fonctionne, en dépit de quelques idées plutôt étranges. En réalité, Bonhomme se tient grâce à son duo d’acteurs : Nicolas Duvauchelle livre une performance aussi bouleversante qu’amusante par moments, sans que le comique qu’il motive ne se retourne contre le sujet abordé. Au contraire, l’humour est ce qui permet au couple de survivre et de s’inscrire dans la durée. Face à ce grand enfant, une Ana Girardot incroyable en jeune femme contrainte de troquer, du jour au lendemain, son statut de fille indépendante pour celui de mère de substitution. Tout s’enchaîne bien, et la dimension feel good ne tarit jamais l’âpreté du handicap traité dans ce film avec un regard lumineux, humain et plein d’espoir.