Dans son postulat de base, Bonjour évoque forcément Gosses de Tokyo, où dans les deux cas on retrouve des gamins qui vont affronter leurs parents, allant jusqu'à la grève de la faim, sauf qu'ici c'est pour obtenir une télévision.
Il est intéressant de comparer les deux films dans le contexte sociétal où l'on passe d'une grève contre la morale d'un père pour l'estime de soi que ce dernier ne parvient pas à respecter, à une grève pour obtenir une télévision. Les temps changent, le monde évolue à une vitesse folle surtout dans un Japon d'après-Guerre qui subit une certaine influence américaine, et cela Ozu le capte merveilleusement, avec une certaine modernité, pour le meilleur et pour le pire.
Les années ont passé mais il se montre toujours incroyablement habile pour évoquer la famille et les problèmes quotidiens, captant ces simples moments de vie avec émotion et intelligence. Il alterne cette émotion avec un aspect comédie assez agréable, arrivant à rendre les protagonistes passionnants tout en gardant impliqués les personnages secondaires, à l'image des voisins. Toujours avec un aspect réaliste fort, il propose une mise en scène assez lyrique tout en restant proche des personnages et de ce qu'ils vivent.
Cette fable évoque à merveille la difficulté de communiquer entre différentes générations, malgré les liens du sang, et il capte à merveille, à la limite de la satire, les changements de la société japonaise. La construction du récit ainsi que l'évolution des enjeux demeurent des modèles, tout semble parfaitement maîtrisé alors qu'il dirige parfaitement bien ses comédiens, sachant faire ressortir l'humanisme, l'incompréhension et la tendresse des personnages, notamment les gamins, toujours avec de mémorables petites bouilles.
Drôle et intimiste, cette fable signée Ozu raconte les changements sociétaux du Japon d'après-Guerre, avec un regard tendre, toujours humaniste et d'une rare intelligence, sachant faire ressortir l'émotion et la richesse des propos.