Un film qui tient la route

Cette comédie convainc moins par son humour ringard et répétitif que par sa proposition noire et mordante et ses personnages singuliers. Laure Calamy fait des merveilles dans un rôle de justicière vengeresse de l’asphalte.

Le jour, Pauline (Laure Calamy) est psychologue et travaille dans des ateliers destinés à des conducteurs en délicatesse avec leur permis de conduire. La nuit, elle se transforme en justicière sociopathe pourchassant des chauffards jusqu’à les pousser dans des embardées mortelles. Sauf qu’une fois, une de ses victimes survit…

Dans le paysage morne et formaté des comédies françaises, Bonne conduite tient la route grâce à sa réalisation soignée et une certaine idée d’un humour noir et mordant. Fortement inspirées par Drive (il y a pire comme référence), les course-poursuites éclairées au néon et rythmées à la musique électro sont particulièrement chiadées et alternent avec des scènes plus bucoliques baignées par la belle lumière des paysages de Bretagne. A la tête d’une distribution bien trouvée et bien dirigée, Laure Calamy apporte beaucoup au film par son énergie. C’est en grande partie grâce à elle que ce Pauline, qui aurait pu facilement devenir sordide ou ridicule, reste cohérente et attachante. On ne boude pas non plus son plaisir à retrouver le mésestimé et trop rare Tchéky Karyo dans un rôle de chauffard truand. Bonne conduite est imprégnée par une sincère vision d’un auteur qui parvient à proposer un univers et des personnages singuliers et plutôt convaincants.

Malheureusement, c’est au niveau de l’humour que tout ne roule pas rond, ce qui est quand même fâcheux pour une comédie. Derrière Bonne conduite, il y a l’équipe du Palmashow, un collectif d’humoristes ayant fait ses armes dans des sketches sur Youtube et deux précédents films, qui débite des vannes au ton absurde fortement inspiré par les Monthy Python, les ZAZ, ou encore les Nuls, mais avec beaucoup moins de talent. On retrouve ainsi les comédiens Grégoire Ludig et David Marsais en enquêteurs lunaires dont seul une blague sur quatre nous décroche éventuellement un sourire. Le réalisateur et scénariste Jonathan Barré avait quant à lui déjà filmés les sketches et les deux précédents long-métrages du Palmashow. Ce dernier est beaucoup plus à l’aise dans l’univers qu’il compose que dans les blagues qu’il aligne qui ont la plupart un air de déjà-vu. Toutefois, pas de quoi bouder son plaisir face à ce film qui sort des sentiers battus… ou plutôt des autoroutes toute balisées.