Bonnie & Clyde fait partie de ces films qui souffrent un peu de leur réputation. Dans une moindre mesure mais à l’image de ce que j’avais pu ressentir en regardant Citizen Kane par exemple, la promesse de voir un chef d’œuvre absolu a engendré une ‘presque-déception’ lorsque je n’ai pas reçu la claque attendue.
Ne nous méprenons pas, le film d’Arthur Penn reste un bon cru, mais son aura qui s’est bâtie au fil des années peut sembler un poil exagérée.
Couple de gangsters mythifiés dans la culture américaine, Bonnie et Clyde se sont lancés dans les années 20/30 dans une fuite en avant, braquant banques et même épiceries sur leur passage avec l’aide du frère de Clyde, Buck (joué par Gene Hackman), de sa femme ainsi que du jeune CW Moss. Ils développent une forme d’addiction à l’adrénaline les poussant à en faire toujours plus au risque de s’ennuyer ferme.
Portés à l’écran par Warren Beatty et Faye Dunaway, rayonnants et magnétiques, Bonnie & Clyde ne sont guère plus que des bandits vivant de larcins jusqu’à ce que la presse leur fasse une publicité retentissante, créant ainsi une réputation qu’ils ne se priveront pas d’entretenir, leur souhait le plus profond étant avant tout d’accéder à la célébrité.
Arthur Penn nous balade à travers les paysages du Texas et du Midwest américain obtenant ainsi un Oscar de la meilleure photographie pas immérité. En revanche, l’Oscar du meilleur second rôle féminin décerné à Estelle Parsons reste un mystère, d’autant plus que cette année-là sortait, au hasard, The Graduate avec Katharine Ross nommée pour le même prix. Avec toute la sympathie que j’ai pour Estelle, son rôle consiste simplement à crier à nous en percer les tympans, que ce soit parce qu’elle panique ou qu’elle fait une crise de nerfs.
Si le film est pénalisé par la réputation qui le précède, c’est parce que, bien qu’étant bon, il n’est pas l’ode à l’amour seuls contre tous auquel on fait sans cesse référence. Sailor & Lula, True Romance, tous les films dans lesquels un couple fuit sur les routes en vivant dans l’illégalité est immédiatement comparé aux brigands Bonnie & Clyde, pionniers en la matière, ou tout du moins couple le plus célèbre. S’il est indéniable qu’on passe un agréable moment devant les aventures du gang Barrow, on n’est pas non plus en transe devant leurs braquages et états d’âmes.
La gifle attendue ne viendra donc pas, mais ne boudons pas notre plaisir. Faye Dunaway et Warren Beatty sortent le grand jeu, profitons-en.