Que reste-t-il de nos amours ?
Au visionnage de ce Bonnie and Clyde, on comprend comment la nonchalance toute belmondesque de Warren Beatty et le sex-appeal de Faye Dunaway ont pu séduire la jeunesse désœuvrée des années soixante en quête de libération sexuelle. Près d'un demi-siècle plus tard, le propos du film s'est bien étiolé au rythme des évolutions sociétales, et les qualités intrinsèques de l'oeuvre peinent depuis à justifier le statut de film culte, hormis bien sûr la plastique des deux acteurs principaux. La trame scénaristique de Bonnie and Clyde rappelle plus volontiers la succession de saynètes d'un Tintin en Amérique que les grands films de gangsters auxquels il est souvent associé. Les personnages secondaires oscillent du bon au moins bon, avec une mention spéciale pour l'imbuvable Estelle Parsons et sa palette complète de geignements, râles et autres braillements, qui lui a pourtant valu l'oscar du meilleur second rôle. Et puis cet insupportable banjo ...
Je mets quand même 6 pour l'importance historique de ce film, qui a au moins le mérite de correspondre à un moment précis du cinéma et de l'histoire américaines, entre recherche de la modernité et idéalisation de l'entre-deux-guerres. Pour gagner 1h47 de vie, on pourra néanmoins préférer le clip de Gainsbourg et Bardot, admirable condensé de l'atmosphère de l'époque : https://www.youtube.com/watch?v=dY9PY4r83p8 .