À Bruges, rien de nouveau

Ayant vu Bons Baisers de Bruges étant petit, je n'en avais qu'un léger souvenir evanescent. Il se mélangeait avec mes propres souvenirs d'un séjour touristique dans la ville à peu près en même temps. Autant vous le dire tout de suite, ma mémoire était défaillante.

Ce que je voyais comme une comédie d'action tarantinesque est en réalité une histoire bien plus sérieuse et émotionnellement profonde. Au-delà du côté pompeux du nom de cette critique, j'ai trouvé le rapprochement avec À l'Ouest, rien de nouveau pour une certaine raison. Les deux oeuvres mettent en lumière la lutte existentielle d'hommes cherchant une once d'humanité dans un univers où l'homme est pourchassé. Dans un tel univers statique, c'est la déshumanisation est encouragée, et la guerre qui fait loi.

Ce qui est assez différent dans le film de Martin McDonagh est que Bruges, aussi horripilante qu'elle soit pour le personnage de Colin Farrell, constitue une parenthèse dorée. Elle est présentée comme le rappel d'un monde en dehors de celui des tirs de revolver dans le dos. C'est ce monde auquel le personnage de Brendan Gleeson s'accroche pour compenser la cruauté de ses actes. Ce monde coincé dans le temps, paisible selon certains, chiant pour d'autres, jusqu'à ce qu'un coup de téléphone brise la lassitude...

Peut-être par manque de compréhension, j'ai tout de même eu du mal à accepter certains des destins donnés aux personnages. J'aurais trouvé plus judicieux que d'autres routes soient prises. Mais globalement, c'est un film touchant dont la mise en scène sert subtilement des personnages attachants et des acteurs au sommet de leur art.