Dirigé par le réalisateur des Harry Potter 5, 6, 7, et 8 (ou 7 partie 2), David Yates, Les Animaux fantastiques est un film fantastique, comme son nom l'indique, reprenant l'univers présenté dans la saga consacrée au jeune sorcier, mais dans un contexte spatio-temporel bien différent : on passe en effet des années 90-2000 aux années 20 et de Londres à New York. Si on est donc dans la continuité avec le choix de garder ce réalisateur aux commandes, ainsi qu'avec la présence d'une équipe globalement similaire à celle d'HP, une grande différence subsiste : J.K. Rowling écrit directement le script de cette nouvelle saga. Le travail d'adaptation des bouquins de la romancière britannique n'est donc plus nécessaire, évitant de se retrouver face à des sacrifices relativement délicats à faire. Nouvelle époque, nouveau décor, et donc nouveaux personnages comme en atteste notamment la présence du jeune acteur oscarisé Eddie Redmayne dans le rôle principal de Norbert Dragonneau (Newt Scamander en VO), ainsi que de Colin Farrell et le jeune Ezra Miller, mais aussi celles d'acteurs relativement inconnus du grand public comme Katherine Waterston (Tina) ou Dan Fogler (Jacob Kowalski).
Ce même Norbert Dragonneau est un magizoologiste britannique qui consacre la majorité de sa vie à l'étude et à la protection des créatures magiques peuplant l'univers de J.K. Rowling. Le film traite de son arrivée en Amérique, et plus précisément à New York, en 1926, alors qu'il approche de la trentaine. Les ennuis commencent pour le personnage à partir du moment où la valise de celui-ci, contenant diverses créatures fantastiques parmi les plus rares du monde des sorciers, est échangée avec celle d'un boulanger moldu (ou non-maj, comme les appellent les américains), Jacob Kowalski. Cet événement va précipiter la fuite des animaux et pousser Dragonneau à les rechercher dans la ville, en compagnie de Jacob, et de Tina, une ancienne Auror travaillant pour le Macusa, le congrès magique américain, qui va pourchasser le groupe pour atteinte au Code du Secret Magique. Dans le même temps, une organisation de non-maj anti-sorciers est mise en place, dont l'un(e) des membres s'avère être plus spécial(e) qu'un(e) simple moldu(e), tandis que le mage noir et fugitif Gellert Grindelwald qui fut la cause de quelques catastrophes notables en Europe est, semblerait-il, à New York dorénavant.
Le scénario de J.K. Rowling, s'il contient quelques maladresses comme la transition peu claire entre les différentes intrigues, reste extrêmement bon et est une réelle porte d'entrée vers l'imaginaire, et l'émerveillement, qui n'est plus très facile à trouver dans un film de nos jours. Elle fait des animaux fantastiques une sorte de prétexte à l'émerveillement, ce qui pourrait être décrié, mais dont elle arrive à se détourner suffisamment pour développer parallèlement une intrigue relativement profonde et réfléchie pour un film du genre. C'est là qu'on ressent la "patte" Rowling, qui savait déjà marier émerveillement et questions fortes dans ses ouvrages potteriens, et qui récidive dans ce premier opus de Fantastic Beasts.
Cet émerveillement se ressent également dans les effets spéciaux et l'usage de la 3D, avec des constructions en images de synthèse assez inégales selon l'objet réalisé mais globalement réussies. Les effets spéciaux dans les combats sont plutôt bons et l'environnement extérieur permet une démarcation avec le monde quelque peu restreint du Poudlard d'Harry Potter.
À part Colin Farrell, dont j'ai trouvé la performance assez décousue, le casting dans son ensemble m'a agréablement surpris et les acteurs arrivent bien à nous faire ressentir les subtilités de chaque scène (notamment l'interprète de Jacob).
Les Animaux fantastiques réussit bel et bien à conjuguer continuité et renouvellement. On aurait aimé le voir sortir aux environs de Noël, tellement ce type de film est adapté à cette thématique.