Je me demande s'il n'y a pas eu que Claude Zidi (qui n'était pas un réalisateur de génie mais qui aura eu pour mérite de signer quelques bonnes comédies dans les années 70-80) pour savoir exploiter le potentiel comique des Charlots au cinéma.
Parce que ce Bons baisers de Hong-Kong, quelle catastrophe ! Quelle misère ! Quel bordel !
Déjà, les Charlots, on ne les voit jamais ensemble. D'un côté, on a Phil et Jean Sarrus qui s'occupent de former la sosie de la reine d'Angleterre. De l'autre, Gérard et Jean-Guy, qui, eux, sont sur le terrain pour enquêter sur le rapt de la reine avec, collés à leur cul, des agents de la CIA bêtes comme leurs pieds.
Si ce résumé, c'est déjà le foutoir, je n'ai pas parlé de la suite. Des cascades et des décors réussis mais uniquement là pour montrer que Fechner a mis pas mal d'argent sur la table. Les présences de nombreuses guests renforce cette impression : Louis Seigner en chef des services secrets français, Léon Zitrone, Bernard Lee et Lois Maxwell alias M et Moneypenny dans les James Bond. Même des apparitions surréalistes : Jeane Manson, André Pousse, les Marx Brothers, Alex DeLarge de Orange Mécanique, un majordome déguisé en Hitler (tant qu'à faire).
Mais le clou du spectacle, ça reste la prestation de Mickey Rooney qui se livre à un véritable one-man-show multipliant les répliques face caméra, les numéros de chant, de danse. Bien aidé, il est vrai, par celui qui joue son frère, un concepteur de jouets, l'espagnol Victor Israel dont la tronche est d'anthologie.
Beaucoup d'agitation pour rien donc. Car Bons baisers de Hong-Kong n'est pas vraiment drôle hormis pour les quelques catastrophes déclenchées par Phil et Jean qui m'ont arraché un sourire. Les voir s'asseoir sur un fauteuil s'effondrant sous leur poids, c'est con mais ça me fera toujours rire. Et je crois que c'est ça l'humour des Charlots. Un humour très tarte à la crème, très immature avec une critique de la France des années 70. Rien de tout ça dans Bons baisers de Hong-Kong qui voit trop grand, trop loin (pourquoi les envoyer à Hong-Kong d'ailleurs ? Quand ils allaient foutre le boxon dans le supermarché du coin, ça allait très bien), qui s'éparpille dans tous les sens multipliant les personnages secondaires, les sous-intrigues, les bastons, les carambolages, les pitreries, sans aucun lien entre eux, sans jamais rien réussir de correct.