Heureux qui comme Ulysse... par Incertitudes
Lorsque Fernandel tourne ce film, il n'a plus tourné depuis deux ans. Il se dit marqué par le décès de son copain Bourvil. Vous l'avez deviné, on n'est pas ici dans la grosse comédie. Le comique marseillais au visage chevalin ne peut se résoudre à emmener son cheval à Arles aux corridas. Là où Fernandel nous touche, c'est la fatigue et la vieillesse du cheval qui sont intimement liées à sa personne. En effet, Heureux qui comme Ulysse sera malheureusement son dernier film car Fernandel est atteint d'un cancer. Et un de ses meilleurs si ce n'est le meilleur.
Le monteur Henri Colpi filme magnifiquement les paysages non moins magnifiques de la Camargue et à moins d'avoir un cœur de pierre, il est difficile de rester insensible à l'amitié entre ce garçon de ferme qui tente tout pour sauver son cheval.
Le film est truffée de réflexions intelligentes sur la vie, la tolérance, le destin, le temps qui passe. La scène de fin où Fernandel est seul dans ce champ est tout un symbole. Elle montre qu'il peut tirer sa révérence après une carrière au cinéma longue de quarante ans, entamée au début des années trente.
Dans sa dernière interview, il se disait motivé à continuer à tourner des films, conscient que le cinéma français était en train de changer au début des années soixante-dix. Malheureusement, ce changement s'opérera sans lui. Mais il nous aura livré son plus beau film avant de partir. Maigre consolation.