Un vieil ouvrier travaillant dans une ferme est sommé par son patron de convoyer un cheval gris de 28 ans, nommé Ulysse, vers les arènes d'Arles où il servir comme picador durant une corrida. Il part avec le cheval au départ à contre-coeur, mais va finir par s'y attacher, au point qu'il veut l'empêcher d'être en face d'un taureau, le conduisant à une mort certaine.
Heureux qui comme Ulysse est le dernier film tourné par Fernandel, lequel décèdera l'année suivante, sa version de Don Camillo et le contestataires ne sera jamais terminée. D'où la mélancolie qui ressort de cette histoire, qui fait aussi penser à La vache et le prisonnier dans le sens où l'homme s'entend mieux avec l'animal qu'avec ses semblables, mais on sent quand même le monde changer autour de lui, la jeunesse qui roule en mobylette, la Provence qui semble presque désuète, mais au fond ne restent que les valeurs humaines, celle d'un homme attaché à un animal promis à une mort certaine, non seulement âgé mais en plus blessé à une patte.
D'où le fait que l'histoire est touchante, même si on sent que Fernandel est un peu seul à l'écran, avec comme seul compagnon ce cheval gris, comme si les autres acteurs et actrices n'existaient pas. Mais ici, c'est un acteur qui ne cabotine pas, qui ne fait pas son fameux sourire chevalin, il reste d'une grande sobriété : au fond, le film est un road trip se passant en Camargue et en Provence où on passe vers Saint-Rémy-de-Provence, ou Arles.
C'est clairement l'ambiance du Sud, avec les cigales, la chanson-titre de George Brassens, la bonhommie de Fernandel, et un pincement au cœur au dernier plan, quand il s'éloigne du cadre, même si c'est inconscient, c'est un acteur de talent qui nous quitte. Et qui plus est dans une histoire humaniste, où le cheval est et sera son meilleur ami.