"Boogie Nights" présente des personnages fictifs, mais s'inspire très fortement de la vie de John C. Holmes, légendaire star du porno américaine. L'homme était connu pour ses mensurations incroyables, avant de voir sa carrière s'effondrer à cause de ses addictions, puis du SIDA.
L'occasion pour Paul Thomas Anderson de dresser un portrait très bienveillant, presque nostalgique, du porno de la San Fernando Valley, lors d'une transition clé. La fin des années 70 au début des années 80. Autrement dit, lorsque le porno est passé d'un âge d'or (insouciance généralisée, films "artistique" tournés pour le cinéma...), à un brutal nivellement par le bas (hégémonie de la VHS, drogues, MST...).
Difficile de croire que le réalisateur n'est qu'à son deuxième long-métrage, et n'a même pas 30 ans. Car le récit choral est maîtrisé, et la réalisation offre une fluidité éclatante, qui assume pleinement ses références (De Palma, Scorsese, entres autres). Utilisant régulièrement des travelings et plans-séquence pour présenter son univers, ou la situation de ses protagonistes.
A ce niveau, le film offre une impeccable galerie d'acteurs, dont plusieurs verront leur carrière bondir suite au succès commercial et artistique. En tête, Mark Wahlberg en star du porno qui va dégringoler. Mais aussi Julianne Moore en figure maternelle fissurée. Ou John C. Reily en meilleur ami indéfectible, et tant d'autres.
Pour l'anecdote, "Boogie Nights" relança la carrière de Burt Reynolds, qui campe un réalisateur paternaliste et ambitieux. Celui-ci fut pourtant très critique de l'expérience de tournage et de Paul Thomas Anderson !
Le film propose également une BO appropriée et des costumes clinquants, qui nous remettent dans l'esprit de l'époque. Il est peut-être un poil dommage d'afficher de petites longueurs, avec notamment quelques personnages peu utiles (dont celui de Luis Guzman).
"Boogie Nights" n'en demeure pas moins un très bon drame sur l'industrie du X, régulièrement salué par ses vrais acteurs.