Des plans séquences à profusion et une OST qui poutre.
Voilà comment on pourrait résumer formellement Boogie Nights.
Et le fond alors ? On pourrait résumer ainsi : un fan de Scorsese tente de réaliser son Raging Bull, son Goodfellas, avec pour pitch l'ascension, la gloire puis la descente aux enfers d'un acteur porno, à cheval sur les années soixante-dix / quatre-vingt.
Voilà. Boogie Nights c'est suivre un enchaînement de longs plan séquences sur plus de deux heures trente, centré sur la destinée du Dirk Diggler, pas très malin mais doté d'un paquet qui va faire de lui une star de ce qui était alors diffusé dans des salles de cinéma spécialisées, pas un recoin (hypertrophié) de l'internet. Avec une OST qui poutre en guise d'accompagnement.
Quand on apprend que Paul Thomas Anderson, scénariste et réalisateur, n'avait même pas la trentaine quand il réalisé Boogie Nights, à peine son second long métrage, on ne peut qu'être respectueux et relativement impressionné par la maturité du bonhomme derrière une caméra.
Il n'empêche, Boogie Nights m'a laissé un peu sur ma faim. Le concert de louanges l'accompagnant m'a peut être gâché la découverte. Si la quasi absence de jugement moralisateur et la qualité des portraits dressés rend Boogie Nights agréable à suivre, le tout manque parfois d'intensité, de liant, distille une sensation de pilotage automatique dans son déroulé scénaristique qui parfois, confine à l'ennui. On est à ce point dans l'archétype du film "suivi d'une destinée" que ça tourne au stéréotype manquant d'un brin d'envergure, de tension, d'une étincelle qui sublimerait Boogie Nights, lui donnerait un cachet spécifique dont il manque cruellement.
Boogie Nights a cependant pour lui un casting qui dépote, pas tant Mark Wahlberg (pourvu comme toujours d'une seule expression faciale, il fait le boulot du mieux qu'il peut), mais plutôt un Burt Reynolds transpirant de charisme tranquille, un John C. Reilly touchant de gaucherie bravache, une Heather Graham sublime de désarroi, un Philip Seymour Hoffman touchant de refoulement... Et une Juliane Moore sublime, comme d'habitude.
Sinon, je vous ai dit que l'OST poutre ?