Boogie Nights, film choral de Paul T. Anderson, nous expose les derniers jours de gloire du cinéma porno américain à la fin des années 70, début des 80s. On y suit principalement Eddie "Dirk Diggler" Adams (Mark Wahlberg) jeune homme rapidement propulsé au rang de star grâce à sa belle gueule et une nature qui fut particulièrement généreuse. Cette ascension s'effectue grâce et en compagnie de toute une petite famille d'adoption.
Le père : Jack Horner (Burt Reynolds) réalisateur médiocre qui a l'ambition de faire de ses films plus que de simples pornos
La mère : Amber Waves (Julianne Moore), actrice porno et mère privée de son droit de visite qui reporte son affection sur les autres acteurs/actrices
La petite sœur : Rollergirl (Heather Graham), lolita toujours en patins à roulettes (même pendant l'acte)
Le grand frère : Reed (John C. Reilly)
et tout un tas d' "oncles" et de "cousins" interprétés par William H. Macy (marié à une nymphomane), Don Cheadle (qui rêve d'ouvrir un magasin de chaînes Hi-Fi), Phillip Seymour Hoffman (homosexuel très attiré par Eddie), etc.
Nous suivons donc les aventures tragicomiques de toute cette petite famille à la trajectoire Scorsesienne (ascension, sommet, chute). Scorsese a fortement inspiré PTA et cela se sent. La scène du drugstore n'est pas sans rappeler celle de Taxi Driver, celles de la visite de la maison ou le plan séquence final pas sans rappeler Les Affranchis. A propos de plans séquences, PTA se fait plaisir. Il y en a plusieurs dont 3 assez mémorables : Le plan d'ouverture est simplement magistrale, celui de la fête où la caméra entre dans la piscine et donc le plan séquence à la fin. Pour son 2è film PTA démontre déjà un talent rare pour la mise en scène et les mouvements de caméra. Sa direction d'acteur n'est pas en reste entre un Mark Wahlberg débutant et un Burt Reynolds sur le retour. Mais je retiendrai surtout Julianne Moore que j'ai rarement trouvé aussi juste (à part peut être dans Magnolia du même PTA et dans The Big Lebowsky des frères Coen).
Côté négatif, mais c'est assez négligeable compte tenu de la qualité de l'ensemble, j'ai été un peu déçu par une fin un peu trop happy-end où tout fini bien pour tout le monde (sauf Little Bill et sa femme sacrifiés comme symboles du tournant pris à l'aube des années 80). J'aurais préféré des destins un peu plus nuancés et différents pour nos protagonistes. J'ai également été déçu des rushs des films pornos tournés. Si PTA s'amuse de notre côté voyeur en nous refusant toute vision érotique ou pornographique, et c'est un point fort du film, cela fait tout de même très bizarre, lors du visionnage des rushs, de ne voir que des plans du visage des acteurs. Tout d'un coup ça sonne faux. S'il n'avait pas inclus ces visionnages de rushs ou, mieux, s'il ne nous les proposait que flous ou trop lointains pour qu'on puisse distinguer ce qu'il s'y passe, ces moments auraient sonnés plus vrais.