Le seul intérêt véritable à trouver à ces nouvelles tribulations du Kazakhstanais réside non pas dans la relation père-fille que le long métrage met en scène de façon laborieuse et facile, pas non plus dans les déguisements que porte Borat pour échapper à sa popularité en Amérique – sauf celui de Donald Trump en voleur de femme, jubilatoire –, mais dans la conversion ici opérée de l’échiquier politique à l’heure des élections présidentielles en vaste foire où les partisans républicains, entre deux bières, reprennent le refrain débile chanté par celui qui se joue d’eux. C’est dire que la suite ne cherche plus l’exotisme d’un regard étranger mais la communion dans la bêtise la plus pure et régressive, à l’image des deux hôtes persuadés d’avoir débusqué un complot politique en la personne de Tutar ou encore de ce vendeur qui conseille Borat en cage et en bombonne de gaz.
Dès lors, si certaines provocations renvoient une impression de gratuité dommageable, résidu malvenu du précédent long métrage en ce sens où la nécessité de faire rire à tout prix force la caricature, la provocation politique, elle, s’avère réussie et aurait mérité une immersion plus fouillée. Car à vouloir rire de toute chose et de tout le monde, le film s’égare et semble tirer partout dans l’espoir d’atteindre une cible quelconque ; le montage accentue l’émiettement de séquences mal découpées en scènes trop courtes. En outre, l’articulation de la caméra cachée et de la fiction se fait mal et les deux approches se desservent l’une l’autre. La date de sortie et le contexte politique dont il s’empare font de Borat Subsequent Moviefilm une œuvre incandescente et militante qui perd son feu à mesure qu’il s’éloigne de l’affrontement Républicains/Démocrates, retombant alors sur des sentiers déjà explorés précédemment, dans une zone de confort qui agace plus qu’elle n’amuse ou ne déconcerte.