L'ennui à la mer
Ça c'est bien un film de femmes tiens ! C'est chiant comme pas possible, social mais pas creusé, chiant et long, avec des personnages qui se veulent réels mais qui ne sont que des caricatures...
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le 3 mars 2022
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Une station balnéaire, quelque part au bord de la mer du Nord, en baie de Somme (gare la plus proche : Abbeville), avec sa plage de galets clairs, aménagée avec une belle série de cabines de bains qui portent des noms de villes ou des prénoms. Le film propose un aperçu de quatre saisons, en trichant un peu puisqu’il commence et finit par l’été, tout en oubliant l’automne. Le meilleur du film tient peut-être à sa façon de montrer la ville (tournage à Cayeux-sur-mer), avec son architecture typique et la luminosité apportée par l’ouverture sur la mer.
Sinon, il faut bien dire que le film passe un peu paresseusement d’une saison à l’autre, sans qu’il se passe grand-chose de mémorable. Passe encore avec l’été où visiblement les uns et les autres éprouvent avant tout le besoin de se poser, de profiter du calme et du soleil, de la plage. Globalement, l’ennui est supportable parce qu’on peut profiter de loisirs au choix. On note quand même que Paul (Jonathan Zaccaï) demande régulièrement à Marie (Hélène Fillières, un visage qu’on remarque, mais qui se montre assez inexpressive) si elle a bien dormi. Une question en forme de leitmotiv (elle lui fait remarquer qu’il vient déjà de lui demander) qui se veut peut-être la base d’un comique de répétition, mais qui sonne tout de même plutôt creux, car des dialogues du même style, on en trouve à la pelle dans ce film. Exemple avec une femme qui rentre à la maison après sa journée de travail et qui croise son mari dans l’escalier qui mène à l’étage. Il lui dit qu’il lui a fait couler un bain, ce à quoi elle lui répond de surveiller l’eau des pâtes. Il est vrai que le mari n’a sans doute pas trop envie de nouer un dialogue plus constructif à ce moment, car il a plutôt envie de lui cacher ce qu’il a fait de sa journée.
Quant à Paul le maître-nageur occasionnel (job d’été), il pose une sorte d’ultimatum à Marie en lui disant qu’il ne continue pas comme ça. Ils s’installent ensemble, sinon il dit stop à leur relation, un mot qui me semble bien convenir, parce que s’ils sont intimes, leur histoire reste bien morne (à l’image de la décoration minimale de là où ils s’installent). Il faut dire que Marie est ouvrière à l’usine du coin, leader mondial dans le domaine de la fourniture de galets. Elle les trie à la chaîne, travail pas vraiment épanouissant. Un héritier du fondateur de l’affaire s’exprime à un moment pour répondre à la personne qui l’interroge, mais on a bien du mal à comprendre à quoi peuvent bien servir ces galets, qui sont envoyés un peu partout dans le monde.
En dehors de l’été qui voit l’afflux des touristes attirés par la mer, les locaux s’occupent comme ils peuvent. Le maître-nageur a une sœur qui travaille au casino et l’alerte régulièrement parce que leur mère (Bulle Ogier) vient encore jouer devant les machines à sous. Depuis qu’elle est veuve, on sent que sa vie n’a plus beaucoup de sens et qu’elle joue pour un peu d’excitation. Le souci, c’est que son obstination à jouer ainsi de manière compulsive, lui fait dépenser des sommes (en baie de Somme) extravagantes. Peu lui importe, elle se montre capable d’hypothéquer sa maison, au risque de manger complètement l’héritage qu’elle aurait pu laisser à ses enfants.
Ah oui, dans les dialogues qui reviennent régulièrement, on remarque aussi « Comment ça va ? » qui peut se comprendre puisque les personnages évoluent de saison en saison et se retrouvent pour certains été après été, parce qu’ils reviennent aux sources. Mais cela ne va pas bien loin. On pourrait même trouver symptomatique cette petite devinette en forme de définition (difficulté estimée : facile) de mots croisés :
« État d’absence totale de la matière dans un espace délimité, en quatre lettres » qui colle assez bien à une bonne partie du film. A noter cependant que pour ce film, la réalisatrice Julie Lopes-Curval a obtenu la Caméra d’or au festival de Cannes. Du sable dans les yeux pendant la projection ?
Un film de saison(s) qui vaut donc avant tout pour son ambiance, les lieux filmés et un casting correct où on retrouve Ludmila Mickaël et surtout Liliane Rovère dans un de ses rôles secondaires qui agrémentent ce genre de petit film.
Créée
le 20 juil. 2022
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