Wimbledon. 1980. Un duel de géants a durablement plongé le tennis professionnel dans l'ère de la télévision grâce à un match au suspense étourdissant. Trente-sept ans plus tard, un film voit le jour sur les coulisses de cet affrontement tumultueux.
Sans pour autant sacrifier au caractère maniaque inhérent à toute reconstitution d'un événement sportif historique, Borg McEnroe est avant tout une plongée en apnée dans les plus profonds recoins de la psyché des athlètes, et de l'incommensurable pression qui s'exerce sur leur quotidien.
Passant au crible différentes anecdotes de leurs vies à travers un jeu de montage extrêmement complexe et brillant, le film en vient presque à faire du match lui-même une menace lointaine et abstraite.
Shia LaBeouf livre la performance de sa carrière : du timbre de la voix au débit de paroles, des regards en coin aux spectaculaires pétages de plombs, sans oublier l'épaisse tignasse... chaque parcelle de John McEnroe est parfaitement restituée. Il n'y a qu'à la reception qu'il manque la grace féline de l'athlète : je le trouve un peu plus patapouf que le vrai...
Mais face à lui, Bjorn Borg. Le VRAI Borg. Je ne sais pas qui est ce Sverrir Gudnason dont on parle sur l'affiche du film, mais je peux vous certifier qu'il n'existe pas. La vérité c'est que Bjorn Borg en personne a voyagé dans le temps pour jouer son rôle trente-sept ans après les faits !
Le reste du casting est également absolument impeccable, mais ce qui achève de faire du film une réussite éclatante, c'est le courage avec lequel il boucle son acte 3.
D'aucuns penseraient que la victoire de Borg en finale constituerait le climax du film. Il n'en est rien. Si le suspense et la tension du match sont bien palpables, le climax intervient plus tard, dans une scène toute simple où les deux adversaires se saluent à l'aéroport. C'est à cette occasion que l'enfer psychologique vécu de part et d'autre vient s'effondrer sous leurs yeux ébahis. Parfait.
J'attends maintenant la suite : McEnroe Lendl !