Ce moyen métrage d'un réalisateur que j'apprécie particulièrement depuis son adaptation très libre du livre de William Burroughs, Les garçons sauvages, se trouve dans le recueil d'œuvres Mandico in the Box que j'ai eu la chance de recevoir en cadeau il y a quelque temps. Lorsque l'on connaît l'univers onirique et sombre de Bertrand Mandico, on s'attend à trouver de l'étrangeté dans ses films. Eh bien, je n'ai pas été déçu. Sous couvert d'une biographie plus ou moins fantasmée du réalisateur de La Bête, Walerian Borowczyk, nous nous retrouvons avec un abécédaire chronologique (!) déconcertant au possible. Boro (Elina Löwensohn), un réalisateur polonais décédé, est un homme-boîte (certainement symbole de l’enfermement, dans sa famille, son pays, puis son travail), dont toute la vie est marquée par la violence et le rejet, que la voix off (lui-même racontant ses souvenirs) réinterprète comme autant de preuves d'amour. Une dissonance se crée alors entre ce qui est entendu et ce qui est vu, poussant le spectateur à essayer de comprendre quelle est la part de fantasme de Mandico et quelle est la part de réalité. Puis vient rapidement l'acceptation de l'étrangeté, de l'esthétique qui est au cœur de cette œuvre, à mi-chemin entre le Lynch d'Eraserhead et de Cronenberg. La caméra devient alors une excroissance monstrueuse du réalisateur, les oiseaux une métaphore des femmes désirées. Une sorte de poésie informe et envoûtante se dégage de tout cela et ne donne qu'une seule envie : en (sa)voir plus.
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