Il n’y a pas de grand changement dans Ball of fire par rapport aux autres films de Hawks, il est aussi bien que les autres.
Ce que j’aime chez Hawks est toujours présent, il y a ce décalage entre la personnalité du personnage, ce qui le définit (que ça soit sa classe sociale ou bien sa situation personnelle) et les situations dans lesquelles ils se retrouvent. L’essence du cinéma de Hawks c’est ça, c’est le personnage qui se retrouve inconsciemment dans une situation qui ne convient pas du tout avec ce que la mise en scène a précédemment montré de lui - généralement dans l’incipit du film - et qui s’enfonce peu à peu dans quelque chose qui le dépasse généralement.
Tout ça est permis grace à une mise en scène et un montage particulièrement précis qui insiste sur le fait que deux situations se déroulent en même temps. Il y a toujours celle qu’un personnage cache à l’autre (Hepburn dans L’impossible monsieur Bébé, Cary Grant dans la Dame du Vendredi et ici Stanwyck) qui lui subit ses actions et qui est emporté contre son gré dans ce qui compose la situation du premier.
Et c’est un procédé qui est efficace aussi bien pour les comédie que pour les films noirs car il permet de créer pour les comédies un décalage marrant avec le comique de situation et pour les autres films insister sur une situation qui prend le dessus sur l’autre.
Ce que je veut dire surtout c’est que Hawks développe une vision d’auteur interessante puisqu’à travers des procédés récurrents il arrive à conter n’importe quelle type d’histoires. Il est très polyvalent, complet partout.
Ball of Fire est un énième exemple qui montre le talent de Hawks pour mettre en scène, il sait attirer notre attention sur un élément précis, nous faire saisir l’ambiance d’un lieu, créer de l’alchimie entre ses acteurs, il sait souvent nous faire ressentir le presque malaise de la scène et de la situation d’un personnage quand seuls nous, spectateurs savons la contrainte qui s’attache derrière un personnage. C’est là qu’il est fort, il nous rappelle constamment à qui sont liés les personnages à travers des éléments montrés précédemment et sur lesquels il insiste cauteleusement.
Bref, il faut maintenant que je me plonge plus dans ses westerns car ça m’intrigue beaucoup, je veux voir comment il se débrouille dans des genres radicalement différent.