Pas mal comme film de procès. Le problème souvent avec ces films c’est qu’ils donnent une vision complètement romancée du procès, il y a toujours un retournement de situation, un témoin secret qui arrive et change tout au verdict. Ils donnent une image mouvementée du procès avec des grandes diatribes des avocats qui se font face dans un duel à mort épique où chacun sort sa petite arme secrète à son bon vouloir pour donner du fil à retordre à l’adversaire.
Mais bon le scénario c’est de la comptabilité pas du cinéma, c’est surement pas ça qui compte vraiment dans un film. Et si j’ai bien aimé le film c’est grace aux ambiguïtés qu’il arrive à créer justement avec une certaine précision et concordance avec la réalité plus que pour la théâtralité et le lieu de querelle qui sont offerts par le tribunal. En fait on a l’impression que tout le monde ment, tout le monde cache quelque chose, tout le monde est en réalité coupable. C’est là qu’il est bon le film, le jury doit décidé si le Lieutenant est coupable ou non mais il est dans un flou total. En gros la caméra insiste sur le fait que toutes les informations que l’ont a acquises ne sont pas irréfutables et que certains peuvent avoir leur responsabilité.
C’est fait très méthodiquement à travers les retournements soudains et les éléments qui ressurgissent peu à peu au cours de la narration. Le seul autre film que j’ai vu de Preminger (Laura) utilise le même procédé : notre regard se pose sur un personnage qui manifestement cache la vérité pour ensuite révéler son innocence avec la raison qui le poussa à agir ainsi. Il donne vraiment de l’importance à tout ces biais, les choses que l’ont cache pour se protéger ou protéger les autres.
Preminger montre aussi le tribunal comme un microcosme où agissent des tensions, il donne une image globale de la salle, il montre les gens. Et c’est ça un procès au final, c’est les gens, c’est un monde sociale et c’est comprendre comment le monde social agit.