Quel bonheur de voir ressusciter Robin Williams pendant ces 1h24. Quelle tristesse aussi de se rappeler qu'un tel talent est parti.
Boulevard est une histoire comme on en voit peu. Ces sujets qui ne sont jamais traités, ces questionnements rarement abordés, ce film leur fait hommage.
Quoi faire lorsqu'à plus de la moitié de sa vie on se rend compte qu'en regardant derrière soit, rien ne nous ressemble vraiment ? Peut-on tout changer ? Comment ?
Robin joue le rôle d'un homme perdu, comme évaporé dans la bourrasque d'une existence particulièrement discrète. Comme effacé, neutre, il affiche quelques sourires, se contente d'exister dans une norme livide, sculpté dans le moule d'un individu qui le protège mais qu'il n'est pas.
Ce film démontre à quel point nous pouvons être écrasé par l'éducation avec laquelle on a été forgé, avec les interdits qui n'en sont pas et les préjugés sans cesse exprimés ; écrasé de même par la société qui nous formate, torturant ainsi les désirs d'individualité.
Nolan, le personnage principal prend conscience de ces choses après la rencontre d'un jeune homme des rues (des trottoirs) à problèmes. À travers cela, il s'autorise enfin à tutoyer l'idée d'une sexualité longtemps soupçonnée. Sa démarche en revanche n'est pas sexuelle mais bien sentimentale car Nolan est un enfant qui n'a pas grandit.
Tout élément fait supposer cet état psychologique : sa curiosité outrancière à l'égard d'un jeune homme qui, outre ses nombreux problèmes, connait déjà ce que c'est que de s'assumer. Nolan se montre aussi particulièrement timide, fasciné et aussi inquiet et c'est d'autant plus impressionnant que d'imaginer qu'il a l'âge d'être le père de ce garçon. En aidant ce dernier, il voit ici sa manière de rattraper le temps perdu, d'apprendre à se construire une identité propre, de souffrir pour ne plus souffrir, de s'autoriser à s'amuser pour de bon ... de grandir finalement.
Robin Williams dans cette oeuvre me touche particulièrement, il me manque d'autant plus. Il signe dans son dernier film un final chargé de sens, comme un appel à devenir soit, à faire exploser la coquille forgé par le conformisme.