Boulevard de la mort par Incertitudes

Le concept que souhaitait au départ Tarantino, était audacieux : réaliser avec son compère Robert Rodriguez chacun un segment d'une heure d'un film seventies entrecoupé de fausses pubs réalisées par leurs soins accompagnés de Rob Zombie et Elie Roth.

Malheureusement, ce fut un bide aux États-Unis et chez nous le film de Tarantino, qui nous intéresse ici, est présenté dans une version allongée d'1h45. Clairement, il ne s'agit pas du meilleur Tarantino, autant l'avouer tout de suite. Boulevard de la mort est un slasher road-movie, genre en vogue autrefois. Pour cela, il décide même de rayer la pellicule, de la faire sauter comme dans ces vieux cinémas de quartier qu'il fréquentait dans son adolescence. L'immersion est totale même si elle s'atténue après la première heure. Les quarante-cinq premières minutes donnent lieu à d'interminables discussions entre Jungle Julia une DJ et ses amies dans un bar ou dans une voiture tout en se gavant d'alcool. Et même moi qui suis fan de Tarantino, je ne peux m'empêcher de trouver un peu lourd ces dissertations sur des thèmes très "tarantiniens" comme le sexe, la drogue, la bouffe, le cinéma. Autant dans Pulp Fiction, cela s'intégrait très bien au récit, autant là je les trouve trop téléphoné.

Quand Kurt Russell apparait cela devient bien plus passionnant. La violence met vite mal à l'aise puisqu'il va s'amuser à foncer sur ces filles à fond les manettes avec son bolide. Il faut dire, néanmoins, que dans ce film elles sont tellement superficielles à se comporter comme des mecs qu'au fond on se fiche un peu de savoir ce qu'elles deviennent.

Les poursuites à vitesse réelle sont très bien fichues, ce qui est le point fort du film, mais il est dommage que Tarantino se contente désormais de faire du Tarantino, c'est à dire nous pondre des films ultra-référencés, richement dialogués et ensanglantés. C'est un génie, à lui de se remettre en question. Le film est bon, sans plus. On est exigeants car il le mérite.