Tous les chemins mènent au rhum...
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"Dans les années 20, enfin 1920, l'alcool est interdit au pays de l'oncle Sam... C'est la prohibition...
En 1925 au large des eaux territoriales, américaines, le Boulevard du rhum est le champ d'action des "Rum'runners", ces marins qui introduisent clandestinement l'alcool aux US à partir des iles de la mer des Caraïbes...
Voilà comment le générique introduit le film, accompagné d'une agréable introduction (et ensuite fin) musicale signée François de Roubaix, aux sons de guitare ayant dû transiter par une boite de distorsion ? La vague yé-yé avait en effet promu la guitare électrique au rang de star de la musique...
Au cinéma, à cette époque, certains doux rêveurs pensaient qu'avec une bonne tête d'affiche, et une bonne promo, on pouvait faire des entrées dans les salles , du blé ou de l'oseille, comme vous voulez...
Ici, on a donc opposé la voluptueuse bombe sexuelle BB (Brigitte Bardot pour les jeunots qui ne la connaissent pas...) au roi de la castagne, de la lutte et au catch : Lino Ventura.
On pense aussitôt à "la belle et la bête"... Beaucoup de femmes aiment les "moches" parce qu'ils mettent d'avantage leur beauté en valeur, d'où les succès féminins de Gainsbourg...
On a aussi misé, bien à tort, que la prohibition aux Etats-Unis intéresserait le quidam français ! Quelle erreur !
Je vous rassure tout de suite : les trois scénaristes, dont le réalisateur Robert Enrico, n'ont pas souffert d'un burn-out après s'être triturés les méninges pour nous pondre cette histoire affligeante.
Nous non plus en le regardant, mais il faut néanmoins une résistance héroïque pour endurer sa longueur bien inutile ! On s'ennuie ferme, et de plus en plus au fil du film ! Aussi captivés à suivre ça que si on voyait un poulpe enfiler ses chaussettes...
Tout n'est prétexte qu'à montrer Bardot en enfant gâtée, de bagarreurs de rues, de castagne, et des beuveries ! Quand c'est interdit, c'est encore plus tentant...
Bref est un mauvais remake du Capitaine Haddock et de sa cargaison du "Crabe aux pinces d'or" ! (BD de Tintin par Hergé pour les néophytes et mêmes jeunots) tonnerre de Brest !
On se demande pourquoi Ventura, si sélectif dans ses choix de comédies, s'est laissé entraîner dans ce rafiot pourri ! Peut-être à cause des "Aventuriers" qu'il avait déjà tourné avec le même réalisateur ! Et puis, dès qu'on prononçait le mot aventures, ça motivait Lino...
Quant à Bardot, elle a toujours affirmé ne pas aimer faire du cinéma, mais quand on vous amène des propositions financières sur un plateau d'argent, comment refuser au-dessus d'un certain chiffre ?
Bref BB fait du Bardot en plus cabotine que jamais, très mignonne avec ses cheveux bouclés, mais on n'est plus dans le salace "Mépris" : les amateurs du genre dénuéees seront déçus...
C'est un des derniers films de Bardot puisqu'à 38 ans, elle a décidé ensuite d'arrêter le cinéma...
A la déception générale...
Comme les producteurs (Gaumont, Fiza, Rizzoli) puisque ce film n'a fait que "1 279 586" MM d'entrées. On en attendait certainement beaucoup mieux car apparemment, Enrico n'a pas lésiné sur les moyens ! Au point de nous offrir un second film (en noir et blanc) dans le premier avec BB et Guy Marchand récemment décédé.... Un acteur superbe du genre crooner qui chantait aussi...
Ce n'est pas ce film qui aura contribué à la renommée de Ventura, d'Enrico, ou de Bardot...
Et "yo, yo, yo, une bouteille de rhum" comme disait Haddock : A la vôtre !
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TV5 Monde le 12.02.2018