"Boulevard du rhum" est un film de Robert Enrico. Je me pince et me récite mentalement la liste des excellents films de ce réalisateur dans l'ordre chronologique : "les grandes gueules", les aventuriers", "le vieux fusil", "l'empreinte des géants", "au nom de tous les miens", etc etc
Parce que là, alors là, on en est loin. En plus, il y a Ventura dans son probablement plus mauvais rôle ! Bon, peut-être que le film servait à financer sa belle fondation perce-neige. Si oui, alors on va lui pardonner de bon cœur. Son personnage est une espèce de capitaine Haddock qui boit de bons coups (des verres au mètre à descendre à toute vitesse), qui donne et reçoit de bons coups (pas les mêmes) et qui tire aussi des bons coups (enfin, on s'imagine, bien sûr)
Bon, il y a aussi Bardot prénommée Brigitte en star du muet dont tombe amoureux raide dingue notre Ventura. Eh bé ? J'ai été assez salaud pour calculer son âge à BB en 1971… Ça nous faisait dans les 37 ans si mon compte est bon. Oui, parce que dans certaines prises de vue rapprochées, elle me semblait un tout petit peu blette. Nul doute que c'est la jalousie qui me fait parler. Bon, la plupart des prises sont un peu lointaines ou bien arrangées (extraits de films muets par exemple) faisant quand même illusion (la silhouette, les jambes, …). Pffui, elle pousse en plus la chansonnette par deux fois avec sa voix aigrelette et des paroles où il y a le mot amour deux fois par vers… Elle est évidemment entourée d'une nuée de (vrais) petits cabots augurant la suite de sa carrière animaliste ou animalière, je ne sais pas. Et toute la gent masculine à ses pieds ou sifflant …. Enfin, deux heures à se farcir ça …
Sinon, on trouve dans le reste du casting Jess Hahn qui doit sortir deux borborygmes entre une bagarre et un verre d'alcool (comme il y a beaucoup de bagarres et de verres, ça finit par faire quelques phrases), Guy Marchand dans son classique numéro de latin lover pour lequel toute nana normalement constituée doit se pâmer d'amour … D'ailleurs, c'est l'amant du personnage de Bardot, CQFD.
Et, à ce niveau de la critique, je me rends subrepticement compte que je n'ai pas parlé de scénario. Il y a pourtant bien un scénariste qui s'est inspiré d'un roman. Bien entendu, je ne connais pas le roman mais on peut décrire en quelques mots l'histoire qui parle des "rum runners" qui approvisionnaient les trafiquants américains en alcools de contrebande pendant la Prohibition à partir des Caraïbes. Ventura était capitaine d'un bateau (enfin le personnage joué par Ventura), avait maille à partir avec ses collègues trafiquants et les "coast guards" américains. C'est au cours d'une fuite, après ou une cuite ou une bagarre et peut-être les deux, qu'il se retrouve dans un cinéma où il découvre la grande star du muet "Linda Larue". Que dire d'autre ? Rien, j'en ai peur.
Au final, la grande question que je me pose c'est qu'est-ce qui a bien pris à Robert Enrico de faire un tel navet. Je me suis surpris pendant le visionnage à regarder l'avancement du film au bout d'une demi-heure et à faire comme Chirac aux Guignols de l'Info : P….n, encore une heure et demie …