Dés les premières minutes, Boy A délivre les premières notes d'une mélodie qu'on envisageait déjà comme subtile et savoureuse. Dans une pièce à l'austérité glaciale, Terry (Peter Mullan) et Eric (Andrew Garfield) se font face. Du premier se dégage cette posture paternelle rassurante, tandis que le second arbore un sourire béat et innocent d'enfant émerveillé.

Face à sa libération toute proche, Eric doit se trouver un nouveau nom, afin de débuter sa nouvelle vie. Ce sera Jack.
Dans une nouvelle ville, loin de son passé duquel Terry, son assistant social, tente de l'éloigner, Jack va devoir se construire une vie. Grâce à son travail de livreur, il se liera d'amitié avec Chris et rencontrera Michelle, dont il tombera amoureux. Cette intégration réussie atteint son point culminant lorsque, pendant un de leurs trajets de livraison, Chris et Jack découvrent une voiture accidentée et sauvent une petite fille. Ils deviennent bien malgré eux des héros locaux, portés dans la presse : une publicité dont Jack se serait volontiers passé.

Pourtant, malgré cette apparente banalité du quotidien, Jack est travaillé par le doute et la peur. La peur de perdre le contrôle, comme lors de cette soirée passée en discothèque à boire un peu trop, créant un sentiment d'inquiétude chez le spectateur, qui voit bien que Jack risque d'en dire trop, avec cette scène savoureuse d'une danse sous ecstasy. Le doute, qu'est celui d'un homme libre et heureux ayant le sentiment de mentir et de tromper ceux à qui il tient désormais, avec l'impression que tout n'est qu'une mascarade malhonnête.

Activement recherché par une presse à scandales avide de sujets juteux synonymes de gros tirages, il ne tardera pas à être trahi puis retrouvé. Sa vie un instant retrouvée s'effondre à nouveau, et son passé le rattrape en pleine ascension.

La caméra de John Crowley réussi avec délice à capturer ces instants incertains à l'anxiété palpable, que le jeune Andrew Garfield interprète avec talent, sous la bienveillance paternelle de Peter Mullan. Au fur et à mesure que la sympathie du spectateur s'installe envers Jack, Crowley nous ramène en flashbacks vers le passé sombre et tragique d'Eric, nous forçant à devoir faire un choix dans nos émotions : haïr à jamais ou pardonner l'horreur, et croire que l'on peut changer. Un film magnifique, qui produit un effet coup de poing et laisse assommé pendant quelques minutes.
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8
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le 28 sept. 2010

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Brice B

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