Arte me l'ayant mis en tête, je n'ai jamais vraiment réussi à me le sortir de la tête.
Boy A, pourquoi Boy A ?
Boy A, c'est tout d'abord une adaptation cinématographique du livre "Jeux d'Enfants" de Johnathan Trigell (2006). Librement inspiré par un fait diver tragique datant de 1993 relatant la torture et le meurtre d'un enfant de deux ans par deux jeunes garçons de dix ans, l'un étant surnommé "Child B", l'autre "Child A".
Ça ne devait pas être la première fois que ce genre d'histoire arrivait à l'époque mais, ce fût l'un des premiers crimes filmés par des caméras de surveillance. Cette histoire faisait déjà polémique et un buzz monstrueux notamment chez les britanniques mais, lorsqu'ils ont été relâchés et ont tentés de prendre un nouveau départ sous une nouvelle identité, une campagne de presse très violente s'en est suivi.
Le film se base sur une histoire assez similaire, deux garçons ayant commis le meurtre d'une fillette, puis, l'un d'eux remis en liberté. Cela pourrait paraitre banale et sans intérêt sauf que le film ne s'arrête pas là. Il illustre la vision du monde anglo-saxon privilégiant quoiqu'il arrive la thèse d'origines génétiques sans même porter d'intérêt à une analyse des mécanismes sociaux et familiaux qui peuvent conduire à de pareils actes.
Or, on peut voir ici que les deux garçons étaient profondément ancrés dans tout cela ; incestes, tentatives de suicides, alcoolisme, violences, internement psychiatriques qui évidemment ne furent pas évoqués lors du procès. On notera qu'on ne voit d'ailleurs pas les accusés se défendre.
Le thème bien que dur est ici parfaitement abordé et maitrisé, à la fois dérangeant et intéressant, il ne laisse pas le téléspectateurs le regarder sans se poser de questions même infimes ou inconscientes, non, il bouscule.
Terry — "How do you feel?"
Jack — " Oh, I don't know. Just like I'm having a dream."
Jack est constamment en dansi entre ses actions passées qui le hante et ses rêves, sa nouvelle vie, son rêve. Il évolue donc constamment entre un secret qui le pèse et le torture au fond de lui et sa volonté d'aller de l'avant. Et malgré son équilibre psychologique fragile, Jack évolue sans cesse, il se reconstruit même au point qu'il pense et n'est plus ce garçon qu'il a été. — "No, I ain't that boy. I ain't that boy."
Mais, le passé le rattrape.
— "Anything you want to say? Do you think you're rehabilitated? Do your neighbors not have the right to know?"
Performance grandiose et prenante d'Andrew Garfield qui porte le film de bout en bout et de son conseiller, Terry (Peter Mullan) qui de par son empathie nous pousse nous-mêmes à avoir de la compassion pour ce qui est de base un meurtrier.
Une personne est-elle capable de changer ? Même un criminel ? Un meurtrier ?
Le pardon existe-t-il ? La traque cessera-t-elle ?
Une seconde chance existe-t-elle réellement ? Même en ayant commis le pire des crimes ?
— "You remember that girl? Remember we saved that girl, mate? You remember that."
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