Mix dérangé entre Hunger Games et Scott Pilgrim, Boys Kills World est aussi un John Wick like où les baffes se succèdent et un parfait exemple de ce qui ne fonctionne pas dans le cinéma d'action des années 2020 :
Le gore c'est cool :
Depuis que le premier film Deadpool (en 2016) a prouvé qu'on pouvait être Rated R ET faire un carton au box office US, les producteurs s'en donnent à coeur joie. Résultat : le gore, les effusions de sang et les images chocs sont un facteur de coolitude et presque d'humour trop utilisées dans les films d'actions qui veulent apporter une dose de fun. C'est dommage pour deux raisons :
- L'immersion : comment croire à un personnage qui découpe des membres et écrase des têtes sans jamais transpirer, ou se mettre dans sa peau alors qu'il a tout d'un immortel ?
- L'action : tout étant tourné en ridicule, il est beaucoup plus difficile de vraiment sentir les coups. La faute à ce sensationnalisme gore, et à une mauvaise gestion des cascades.
On vit une époque où le cinéma d'action tourne tout en dérision et second degré, la faute à deadpool, peut être mais pas uniquement. Une comparaison des effusions de sang chez Boy Kills World et le cinéma de Tarantino est pertinente, tant le maitre en la matière utilise cet artifice pour servir le kiff du spectateur et/ou le marquer à vie. Malgré les litres d'hémoglobine qu'il déchaine, c'est toujours avec parcimonie dans son scénario.
Le scénario du robot...
On l'oublie peut être, mais çà devrait être le nerf de la guerre, avec les dialogues. Dans Boy Kills World, il n'y a pas de scénario. Pas de dialogues non plus. À la place, un gloubi glouba de mix d'histoires déjà vues et déjà copiées qui font vraiment penser à ce qu'on voit de plus en plus sur les films de plateformes, et à ce qu'on redoute pour les prochaines années : des films créés par ordinateur. Difficile de ne pas penser à cette apocalypse en voyant ce film.
Coucou le quatrième mur :
Concevoir son histoire autour d'un héros mutique et sourd pourrait être une bonne idée, mais si çà ne sert pas le récit c'est du déjà vu inutile (Keanu Reeves ne parle pas beaucoup dans John Wick). Alors on a droit à une nouvelle tentative de coolitude avec cette voix absurde et excessivement ennuyante, qui sera de tous les instants pendant le film, directement dirigée vers le spectateur. On ne dit pas merci à Deadpool : non ce n'est pas subversif, non ce n'est pas drôle.
Plot twists en chaleur et ennui mortel :
La plus grande critique à faire de Boy Kills World, et de la ribambelle de films qui lui ressemblent, c'est de dire qu'on s'ennuie. Les multiples personnages hauts en couleurs sont déjà vus et de plus en plus ennuyants, le parcours du héros est prévu d'avance, et pourtant on en vient à rêver que son histoire se termine avant sa fin. On n'a pas peur pour lui, on n'a pas d'intérêt pour son histoire. Les rebondissements sont attendus, les personnages secondaires meurent face caméra pour essayer de tirer le début d'une larme, la thématique de filiation est poncée jusqu'à la moelle. On sent qu'on aurait pu arriver à quelque chose avec plus de temps et de travail, mais ce genre de film est un produit qui doit être vite avalé.
En conclusion, encore un film calibré et ennuyeux qui essaie de s'en sortir en jouant la carte du fun mais se rate en se révélant lourd et premier degré. On avait les DTV à l'époque, avec des petits budgets et beaucoup de kiff, aujourd'hui il faut se tenir loin de ce genre de bouses. Il y a une référence dans Boy Kill World à l'exceptionnel film d'action Shoot Em' Up avec Clive Owen, foncez voir çà c'est un must.