Boy's Choir
Boy's Choir

Film de Akira Ogata (2000)

Se retrouvant brusquement orphelin, Michio Yanagida (Atsuhi Itô) intègre une école tournant autour de sa chorale pour adolescents. Venu de la ville, Michio arrive à la campagne, perturbé par la disparition récente de son père, mort sous ses yeux dans un hôpital. Brièvement sorti de son inconscience, le père est décédé sur une question, comme s’il se demandait à quoi sa vie avait rimé. Scène essentielle, non seulement parce qu’elle marque Michio, mais aussi parce qu’elle trouvera son écho dans une scène dramatique du final.


A l’orphelinat, Michio tombe sur Yasuo (Sora Tôma), garçon à la beauté androgyne renforcée par sa voix aigüe sur le point de muer. Leurs rapports seront assez troubles, à l’image de leur premier face à face où Yasuo place ses mains sur les oreilles de Michio.


Dans un premier temps, on assiste aux débuts difficiles de Michio à l’orphelinat. Intégré dans une classe, il y subit les petites brimades classiques. L’un des garçons ironise dès le début sur les difficultés d’élocution de Michio, ainsi que sur la place que l’enseignant lui attribue à côté de Yasuo. Le réalisateur (Akira Ogata) combine plutôt bien un ensemble qui associe l’ambiance dans l’école avec l’architecture du lieu, les caractères des uns et des autres et quelques éléments qui vont alimenter son intrigue. La luminosité et les cadres rendent l’ensemble agréable à suivre. La volonté d’expérimentation des adolescents passe par une interrogation qui ramène à ce que Michio ressasse à propos de la mort de son père : revit-on toute sa vie au moment de mourir ? Pour tenter d’y répondre, les adolescents se prêtent à une expérience évidemment dangereuse.


Ogata ne se contente pas de profiter d’un intérieur original. Il montre quelques habitudes typiques, avec les uniformes et les endroits où l’on range les chaussures pour sortir, ainsi que des plaquettes en bois qui servent à indiquer la présence des élèves. De plus, il rythme son intrigue avec les saisons qui s’écoulent comme l’année scolaire. Quelques belles images (paysages) illustrent les occasions de sorties (notamment la chorale qui va se produire devant des maisons au gré de ses pérégrinations dans la campagne). On note au passage que le répertoire est constitué de chants toujours entrainants d’origine inattendue. Une bonne partie des scènes montre les cours de chant (dans une salle où on remarque aux murs des portraits de Bach, Beethoven ou Mendelssohn parmi d’autres compositeurs). On n’atteint pas la rudesse des efforts montrés dans Whiplash, mais des exercices convaincants rappellent que le chant c’est la vie et qu’il ne s’exprime pas que par la bouche, mais par tout le corps. La voix doit s’échauffer et s’entrainer. Bien entendu, celle de Yasuo fait merveille et ressort particulièrement au milieu de celles de ses camarades. La chorale ne s’entraine pas que pour occuper ses élèves, l’objectif est un concours régional qui mènerait ses lauréats vers la finale à Tokyo.


Une séquence ressort particulièrement, lorsque les garçons sont confrontés (en tout bien tout honneur), à une chorale de jeunes filles. Une fois les marques de respect typiquement japonaises respectées, on observe le travail en groupe. Surprise, ces garçons et ces filles pas habitués à se côtoyer sont invités à s’associer en sortes de couples pour un exercice de respiration. Il y a contact et on sent l’émotion. Il y a également des discussions. Une jeune fille propose à Yasuo de se retrouver à un concert d’Adamo, un nom qui sonne assez japonais. Puis on apprend que c’est le fils d’un mineur belge et le doute n’est plus permis quand on voit l’affiche :


il s’agit bel et bien de Salvatore Adamo !


Le film prend un tour inattendu avec l’arrivée de Satomi (Ryoko Takizawa) à l’orphelinat. Elle vient demander de l’aide au pasteur de l’école. On comprend alors pourquoi l’intrigue est située en 1970. Deux après 1968, certains imaginent pouvoir faire la révolution. Malheureusement, cet aspect du scénario tombe un peu comme un cheveu sur la soupe et manque un peu de crédibilité, même s’il révèle que la société japonaise souffrait d’un réel malaise pouvant éclater à tout moment. Peut-être le réalisateur (né en 1959) a-t-il des souvenirs de cette période, à moins que ce soit le scénariste (Kenji Aoki) ?


Le film date de 2000 et souffre un peu de sa longueur (2h09) pas vraiment justifiée et de son scénario qui s’égare parfois un peu. Dokuritsu shônen gasshô-dan (titre original) présente le défaut de laisser les autres élèves que Michio et Yasuo dans le flou. Même chose pour les enseignants à part le prof de littérature et le pasteur.


Le final laisse une impression bizarre. La voix de Yasuo mue. Que cela le perturbe, on le comprend. Qu’il demande à Michio de prendre sa place ne se justifie que par leur amitié, car Michio n’a pas la voix qu’il faudrait.


Yasuo s’égare complètement, ses mouvements deviennent mécaniques et il court à la catastrophe.


Si le réalisateur boucle ainsi son scénario, cette fin sonne bizarrement. Un manque de crédibilité qui nuit à l’ensemble du film. Sinon, la bande son est très agréable (instruments à cordes essentiellement) et l’ambiance dans l’école bien rendue, avec notamment tout ce qui relève des exercices de la chorale. On note de beaux mouvements de caméra avec quelques idées de mise en scène intéressantes.

Electron
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le 7 janv. 2020

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