Avis à tous les amateurs de cinéma, Boyhood, le dernier long métrage de Richard Linklater propose une expérience incroyable jamais vue sur grand écran. Pourtant dans cette nouvelle œuvre, pas d’effet spéciaux révolutionnaires ni technologie 3D, 4D ou autre technique en vogue mais une idée simple : filmer chaque année durant 12 ans les mêmes acteurs. Le pari est réussi pour le réalisateur de la déjà très belle trilogie temporelle Before Sunrise (suivi de Before Sunset et Before Midnight) qui nous propose avec Boyhood de voir grandir et vieillir ses personnages à travers un récit universel, sensible et mélancolique. On suit en effet le jeune Mason (au départ âgé de 6 ans), sa sœur et ses parents dans les tumultes de la vie quotidienne (divorce, remariage, premiers amours..) durant 12 années où peu à peu les visages s’affinent, se durcissent ou se marquent par le passage du temps. Cette prouesse (et exceptionnelle patience) mise à part, Richard Linklater a, de plus, su modeler une mise en scène linéaire où aucune fausse note ni incohérence ne se profilent. Les années s’enchaînent avec une grande fluidité (les ellipses sont extrêmement bien choisies et marquées), sans rupture de ton : une ambiance, un cadrage et une lumière similaire traversent cette fresque familiale de plus de 2h30.
Si formellement l’œuvre quasi scientifique (l’étude du vieillissement) est des plus réussie, qu’en est-il du discours proposé ? Dans cette chronique du quotidien, les anecdotes, les différentes étapes de la vie, des faits qui arrivent à tout un chacun se succèdent, rien d’ « extra »-ordinaire donc et pourtant à aucun moment, l’ennui pointe. Nous sommes captivés par ces personnages que l’on voit évoluer au fil de l’œuvre et auxquels chacun peut s’identifier (l’émotion ressentie, le vécu, les questionnements existentiels). Richard Linklater place quelques clins d’œil sur les problématiques politiques et sociales de l’Amérique mais son propos se veut beaucoup plus universel et nous dit finalement que l’important n’est pas le temps qui passe mais l’émotion ressentie à travers ces instants, un discours qui peut sembler simpliste mais qui définit, somme toute, l’essence de la vie
Zoom sur … Ethan Hawke, le touche-à-tout assidu
Révélé au grand public grâce au film Le cercle des poètes disparus dans lequel il joue l’un des élèves de Robin Williams, Ethan Hawke est depuis ses débuts un acteur discret qui, à 43 ans, a cependant une déjà grande et multi forme carrière derrière lui. Il débute en tant qu’acteur à 14 ans dans le film de Joe Dante Explorers aux côtés de River Phoenix et alterne ensuite les genres cinématographiques s’essayant à la romance (trilogie Before sunrise…, La neige tombait sur les cèdres), le film d’aventure (Croc-Blanc, Les survivants), le thriller (Taking lives) et la science-fiction (Bienvenue à Gattaca). Outre cette diversité de rôles, il réalise deux long métrages dans les années 2000, débute une carrière au théâtre en tant que comédien et metteur en scène (il a reçu de nombreux prix dans cette discipline) et s’essaye à la littérature romanesque (Il a écrit deux romans : The hottest state et Ash Wednesday). Ainsi, clairement hyperactif dans la vie, il apparaît pourtant à l’écran souvent comme timide et réservé, une différence de caractère qui prouve son talent. Vous pourrez d’ailleurs très prochainement le retrouver dans Cymbeline, relecture moderne de la pièce éponyme de William Shakespeare, dans un rôle une fois encore tout en retenue.