En préambule, je voudrais pousser un coup de gueule !
Depuis le temps que j'attends ce film, je n'étais plus à une quinzaine près mais ayant l'opportunité de le voir en avant première, je me rends dans mon cinéma pour satisfaire une curiosité éveillée il y a déjà plusieurs années. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque la caissière m'annonce une majoration de 50 centimes sur le prix de la place habituelle sous prétexte que le film dure plus de 2h30.
J'ai cru rêver. Je m'imaginais que le fait que ce soit une avant-première jouait un rôle et qu'il profitait des quelques heures d'avance pour se remplir les poches mais non. C'est encore le prix affiché.
Venons en au film lui même maintenant !
Des passages habités par la grâce, une peinture de la société américaine bien ancrée dans son époque, des acteurs à la hauteur de la tâche que Richard Linklater leur a confiée mais... parce-qu'il y a un mais !
Regarder les acteurs évoluer physiquement, prendre du poids, des rides est une expérience assez troublante. Ces repères, les coupes de cheveux et autres petits détails sont les seules marques temporelles que s'impose le réalisateur. Cela relève presque du documentaire ou du concept artistique à la Okalpa. Reste que vue l'ampleur du projet, je m'attendais à être bouleversée. Alors, ne crachons pas dans la soupe, il y a des fulgurances, les rapports familiaux sont disséqués de manière intéressante et en tant qu'enfant du divorce, je me suis reconnue dans de nombreuses réflexions mais si je n'ai pas senti le temps passer, je suis restée quelque peu sur ma faim.
Le personnage de Patricia Arquette est à fleur de peau dans sa dernière scène. Elle perd ses enfants et a raté sa vie amoureuse d'un bout à l'autre. Que lui reste-t-il ? Un appartement vide et un job qui l'intéresse mais est-ce suffisant ?
La figure du père pour le jeune Mason et sa soeur se résume à une photo et à un week-end sur deux. Il est notable de constater que la première année au cours de laquelle nous suivons Mason et sa mère, le père n'est pas là. C'est un choix de Linklater que de ne pas faire tourner l'acteur durant la première année pour bien notifier l'absence et le fossé existant entre le père et ses deux enfants.
D'ailleurs certaines scènes entre Ethan Hawke et ses enfants sont vibrantes de sincérité. On sent le père privé de ses enfants derrière le personnage qu'il interprète. Les discussions qu'il cherche à avoir avec eux pour pallier le manque de quotidien, ses maladresses...
Malgré des fulgurances évoquées, je me suis sentie quelque peu frustrée par un je ne sais quoi, un manque indicible impossible à définir.
Sans doute que Linklater appuie trop sur l'obsession religieuse, le port d'armes même si... Bref, le musicien rebelle s'est intégré dans une vie rangée d'une famille texane typique.
Voir Ethan refaire de la musique, composer, jouer et chanter est toujours un plaisir et la chanson écrite pour dire à ses enfants sa douleur de ne pas être là est un des grands moments du film.
Je ne dirai pas en toute sincérité que Boyhood est le chef d'oeuvre annoncé ni même celui que j'attendais mais un film courageux, ambitieux et qui vaut la peine malgré certaines réserves.