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Enfin remis du tournage harassant de Meet the Feebles, son second effort trash après Bad Taste, Peter Jackson signa avec Braindead l'opus final d'un triptyque dédié à la farce gore. Triptyque et non...
le 24 août 2015
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Troisième film réalisé par Peter Jackson pour un budget relativement mince, le premier à avoir été tourné avec des comédiens professionnels (son premier long-métrage "Bad Taste" ne comprenait que des acteurs amateurs et son second, "Meet the Feebles", uniquement des marionnettes), "Braindead" fait désormais partie (à juste titre !) de ces oeuvres cultes un peu laissés sur le côté au moment de leur découverte en salles puis que l'on reprend plaisir à redécouvrir bien des années après. Dans ce cas-ci, cette redécouverte tient en trois choses :
1) L'évolution de carrière de Peter Jackson, qui a fait ses débuts dans le cinéma bis (autrement dit le cinéma d'horreur gore à la limite de la série Z période fin des années 80 - début 90 et dont fait partie ce fameux "Braindead") pour ensuite passer à des films plus mâtures et grand public ("Créatures célestes", "Fantômes contre Fantômes") pour finalement déboucher sur le cinéma à grand spectacle et gros budgets, avec ses trilogies du "Seigneur des Anneaux" et du "Hobbit", ainsi que son remake tout en effets spéciaux numériques de "King Kong".
2) Le fait que "Braindead" fait désormais de ce que les fans du réalisateur Néo-Zélandais qualifient désormais de "trilogie gore-trash-fun" aux côtés de "Bad Taste" et "Meet the Feebles"
3) Le fait que beaucoup de cinéphiles considèrent "Braindead" comme le film le plus gore de toute l'histoire du cinéma, rien que ça. On reviendra sur ça un peu plus loin.
A présent que les présentations sont faites, venons-en au film en lui-même. Vaut-il véritablement sa version de "film culte" réalisé par un cinéaste qui s'est entretemps fait un nom dans la grosse machinerie hollywoodienne contemporaine tout en ayant su rester fidèle à son style personnel ?
Dans tous les cas, OUI !!!
"Braindead", à bien des niveaux, est un vrai plaisir (coupable ou non) de cinéma. Fun, trash, hilarant, violent à souhait et bien sûr extrêmement (le mot est faible !) gore, "Braindead" est tout cela à la fois. S'assumant comme une pure série B (presque) fauchée (avec néanmoins quelques thématiques intéressantes), ce film multiplie les excès avec une liberté totale et un mauvais goût parfaitement assumé et c'est ça qui le rend vraiment très agréable à regarder. Rarement une invasion de zombies n'aura paru aussi sanglante et hilarante.
Sa mère venant de se transformer en mort-vivant après s'être fait mordre par un "singe-rat" de Sumatra, Lionel, jeune homme timide fait dès lors tout son possible pour la tenir loin des autres personnes. Mais c'est sans compter sur quelques curieux qui, évidemment, seront eux-aussi contaminés et également transformés en zombies, ce qui provoquera un véritable foutoir dans toute la ville.
Parti de ce pitch de série B fantastiques des années 50-60, Jackson en profite pour signer une version originale, cynique et décalé du "film de morts-vivants". A mille lieux d'un contexte socio-politique à la Romero, c'est plutôt à la mise à mal des bonnes moeurs de la société néo-zélandaise qu'il se livre : du prêtre du village expert en kung-fu qui, une fois transformé en zombie, laisse libre cours à sa sexualité en passant par la mère castratrice et possessive du héros du film dont la maison ressemble beaucoup (gros clin d'oeil cinéphile) à celle du fragile Norman Bates de "Psycho" d'Hitchcock, ou encore le promoteur immobilier véreux, cupide et pervers, le cinéaste dresse un portrait "affreux, sale et méchant" de son propre pays.
Parmi tous ces portraits déglingués, seul le couple vedette du film, Lionel et sa petite amie Paquita, incarnent un semblant de gentillesse, de bonté, d'innocence et de douce naïveté.
L'originalité du film tient aussi dans le traitement des zombies : les parties du corps (mains, tête, bras, pieds mais aussi les tripes, l'estomac et même les intestins !) qui continuent encore à bouger et à vivre même une fois décapités ou sorti des ventres humains, les morts-vivants qui font l'amour même en étant empalés, le bébé zombie (sorte de "Quasimodo mort-vivant") qui se comporte quasiment comme un enfant-roi des plus capricieux; autant de situations volontairement loufoques et décalés qui mettent à mal le film de zombies classique, situations ponctuées par ailleurs de répliques tout aussi déjantées et que les fans ont désormais retenues telles que « Au nom du seigneur je vous botte le cul ».
Enfin, le rythme, par ailleurs l'une des grandes qualités du cinéma de Peter Jackson de manière générale, est parfait ; en attestent les 20 dernières minutes, particulièrement jouissive et qui comptent sans doute parmi les plus sanglantes qu'on n'ait jamais faites, d'où (comme cité brièvement en début de critique) le statut de "Braindead" de "film le plus gore de tous les temps".
A la fois sanglantes, violentes à souhaits et débordante d'originalité, cette dernière partie de film, à elle seule, ferait presque passer les séquences les plus trash des deux premiers "Evil Dead" de Sam Raimi (autres "films de mort-vivants" célèbres) pour du pipi de chat.
En d'autres termes, pour toutes ces qualités évoquées, "Braindead" mérite amplement sa réputation de "film culte" tout en dévoilant déjà tout le talent de réalisateur de Peter Jackson et son goût pour le grand spectacle, comme l'attestent les fameuses 20 dernières minutes du film.
Film de zombie d'une violence inouïe doublée d'une critique hilarante et cynique sur son époque (les années 50 et sa mentalité coincée d'après-guerre), "Braindead" , au-delà de son statut de série B trash, est une ouvre loufoque, très drôle, parfois même surréaliste dans son traitement jouissif et inventif des scènes gores; un long-métrage qui, même après 25 ans d'âge, continue de se regarder avec grand plaisir.
Un must du cinéma de genre !
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Créée
le 25 août 2017
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