Twin Peaks
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Jim Jarmush.
Un nom. Celui d'un cinéaste. Où, pour le dire tout simplement, d'un auteur de cinéma. Soit un réalisateur américain qui, en déjà 35 ans de carrière, aura réussi à conserver son indépendance artistique loin d'une grosse industrie hollywoodienne de plus plus gangrené (et malmené) par le mot "Dollars".
Jim Jarmush.
Une promesse. Celle d'un cinéma simple en apparence mais ambitieux au niveau du fond comme l'est le cinéma dit "d'auteur", de bonne facture. Un cinéma qui ne s'intéresse à rien d'autre qu'à... la vie, celles des laissés-pour-compte de la société américaine qui font avec ce qu'ils ont en quête d'une vie simple normal; celle des cow-boys revenus d'entre les morts pour se faire justice, celle des tueurs à gages ayant trouvé la paix dans les vieux codes samouraïs ou encore celle des vieux séducteurs désabusés en quête d'un improbable fils, métaphore d'un nouvel élan de vie que l'on cherche à retrouver alors que celle-ci nous a déjà tout donné.
Jim Jarmush.
Un réalisateur au talent certain, capable de raconter les histoires les plus simples, comme l'illustre encore ce fameux "Paterson"; soit un film simple traitant de choses simples via le regard d'un homme simple.
Chauffeur de bus, poète à ses heures perdues, le dénommé Paterson mène une vie paisible dans sa petite ville de... Paterson. Entre les rues qu'il parcourt avec son bus, les retours à la maison pour y retrouver son épouse qu'il aime énormément et les sorties pour y promener son chien se terminant par des conversations avec le barman du coin, Paterson trouve qu'il mène un train-train quotidien tout ce qu'il y a de plus tranquille. Et même, face aux petits imprévus que peut parfois réserver la vie, il reste heureux, en toutes circonstances.
Dans le rôle de cet "homme tranquille", Adam Driver, nouvelle coqueluche hollywoodienne à la notoriété montante, est tout simplement fabuleux : sobre, naturel, expressif, il est l'incarnation du parfait "monsieur tout le monde", celui que l'on croise dans la rue partout avec le même sentiment d'indifférence polie, qui aspire avant tout à se situer dans la norme.
A l'image de son personnage, le film de Jarmush respire lui aussi la tranquillité, la force tranquille même. Evitant tout effets tape-à-l'oeil ou autres effets de style, la caméra de Jarmush, tel un stylo, suit l'itinéraire routinier de son héros avec la même aspérité, sans chercher aucunement à épater.
Ce qui me fait dire que "Paterson" est peut-être mon film préféré de cette année cinéma 2016, c'est que son économie de moyen, sa simplicité formelle et narrative nous va droit au coeur parce qu'elle est authentique et représentative de la vie de tous les jours, dans ce qu'elle a de plus naturel et de plus normal à nous offrir.
Merci, monsieur Jarmush, pour ce magnifique moment de cinéma !
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le 18 déc. 2016
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