Quatre ans après l’Armée Brancaleone, Monicelli retrouve le truculent Vittorio Gassman pour un nouveau tour de piste de bouffonnade médiévale.
Toujours aussi concaincu de sa grandeur, notre héros met enfin en branle son voyage vers la Terre Sainte, constituant une nouvelle équipée de bras cassés, constituée d’un estropié, d’un aveugle, d’un germain, d’une sorcière sexy, Tiburcie de Pelocce, (Stefania Sandrelli aussi amusée que son partenaire), d’un nain, d’un gueux sado maso se couchant dans les orties et embrassant les lépreux, et d’un lépreux masqué qui s’avèrera une princesse blonde et suave.
C’est toujours aussi délirant, et la parodie de la tonalité solennelle des épopées fonctionne le plus souvent, lors d’une traversée de la mer qui dure 1min30 et se révèle un lac, de combats les yeux bandés ou la tête en bas ou de toutes les piques envoyées à la papauté et les divers fanatismes. Sans oublier une séquence d’une bonne vingtaine de minutes entièrement rimée.
Le film semble avoir bénéficié de moyens supplémentaires : cascades, figurants, décors prennent de l’ampleur. Et c’est justement cette dernière qui épuise un peu. Une comédie, on le sait, brille souvent par sa densité et les plus courtes sont les meilleures. Reconnaissons que deux heures pour un tel film, c’est bien longuet. Quand il s’aventure dans des passages un peu plus sérieux (comme la chanson sur l’intolérance face à l’arbre des pendus par exemple) ou s’étire dans des danses bouffonnes proches de la commedia dell’arte, le film reste certes sincère, mais fatigue un brin.
Il n’en demeure pas moins que quelques années avant les Monty Python, Monicelli a trouvé un registre qui fit beaucoup d’émules, et que ce retour aux sources nous permet d’apprécier une verve comique italienne qui semble aujourd’hui révolue.