Branquignol par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Branle-bas de combat au château du marquis de Pressaille car il doit y célébrer ses fiançailles. Il souhaite bien sûr que cet évènement se déroule avec faste et c'est la raison pour laquelle il fait appel à une troupe de comédiens afin d'animer la soirée: les "Branquignols". Toutefois un malheureux hasard fait que l'un des membres de la troupe est amoureux de la fiancée du marquis. Ses amis comédiens jurent alors que les fiançailles ne se concrétiseront pas. Pour cela ils décident de saboter la soirée et bien entendu le spectacle. C'est ainsi que le repas de fiançailles sera complètement bouleversé et que la soirée donnée au théâtre du château sera littéralement gâchée par les frasques des "Branquignols". Ils feront régner une pagaille sans nom dans les différents numéros du gala, lequel tournera à la catastrophe. Bien entendu les fiançailles seront un échec, à la plus grande joie des membres de cette troupe infernale.

Quelle journée catastrophe pour les uns et quel moment de gaieté pour les autres! Tout commence bien mal autour de la table du repas de fiançailles où ont pris place quelques personnages guindés. C'est lors du discours du Préfet que tout va s'enchaîner, une petite goutte d'eau venue du plafond et tombant dans un verre de cristal va d'abord troubler l'allocution de l'orateur ventripotent. Des pseudos plombiers appelés en urgence vont bouleverser le repas en transformant celui-ci en banquet lacustre. Le spectacle donné dans le théâtre du château ne manquera pas de piquant non plus, les numéros se succédant de la manière la plus désordonnée qu'il soit sous la direction d'un chef d'orchestre dépassé par les évènements. Nos "Branquignols" font de ce spectacle un ratage complet mais oh combien loufoque et comique! Le public n'est pas en reste avec des scènes de ménage, un strip-tease dû à la chaleur des lieux. Tous les éléments sont réunis pour troubler un peu plus ce spectacle insolite. Et puis le bouquet final absolument hilarant arrive avec un cow-boy chargé de fracasser un oeuf avec son pistolet. Les tentatives sont vaines et les armes utilisées de plus en plus imposantes... en vain! C'est donc deux canons qui viendront à bout de cet oeuf et... du théâtre, véritable champ de ruines, sous les ovations d'un public conquis par le côté spectaculaire et inattendu de "l'exploit".

Voici le premier film réalisé par Robert Dhéry avec sa troupe de copains: "Les Branquignols". Datant de 1949, ce film est incroyablement actuel au niveau de l'humour et de son côté délirant. Il n'est pas faux de penser que cette troupe ressemble étrangement aux excellents complices de la troupe du "Splendid". Dans cette aventure burlesque, le réalisateur ne nous laisse pas souffler un seul instant, les aventures et les numéros de music-hall s'enchaînant sous nos yeux à une vitesse hors du commun . Dans cette multitude de gags, il est bien difficile de trouver la moindre faiblesse et l'on ne peut que souvent rire aux éclats devant tant d'énormités. Il est bien difficile de faire ressortir des acteurs de cette aventure dans laquelle les comédiens semblent avoir trouvé un plaisir fou à interpréter leur rôle. Quel plaisir de revoir entre autres des comédiens tels que Raymond Bussière, Colette Brosset, Carette, Jean Carmet, Gabriello, des musiciens comme Gérard Calvi ( auteur de la musique du film )ou Georges Jouvin et bien sûr... Robert Dhéry en cow-boy teigneux se démêlant avec son oeuf par la manière forte au bout de maintes tentatives.

C'est à ma grande surprise que je me suis aperçu que ce film un peu oublié et méconnu de beaucoup de jeunes cinéphiles avait été édité en DVD. Pour ma part, je pense que cette oeuvre doit absolument figurer sur vos étagères car son originalité et son étrange "jeunesse" ne peut laisser indifférent. Ce film reste pour moi un chef-d'oeuvre du genre que vous ne devez ignorer sous aucun prétexte. Monsieur Robert Dhéry avait prit là un départ tonitruant dans le dur métier de réalisateur en nous offrant un merveilleux feu d'artifice !